COLETTE - La vagabonde


Paris, années 1910. Après son divorce d'avec un peintre renommé, une femme dans la trentaine  trouve sa subsistance sur scène où elle se produit avec son ami Brague dans des spectacles de danse ou de mimes. Ancienne épouse amoureuse mais largement trompée, Renée est devenue sans illusions sur sa vie à venir et sur sa capacité à devenir mère un jour, même après avoir rencontré une sorte de "prince charmant" en la personne d'un héritier propriétaire terrien qui a tout pour plaire et qui est très amoureux d'elle.
Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. (p.60)
Roman connu pour être autobiographique : Colette fut artiste de music-hall après son propre divorce, ce roman fut d'abord publié en 20 parties dans un journal hebdomadaire. Je trouve que cela se ressent dans la fluidité du récit et j'ai eu personnellement assez de mal à apprécier le style écrit à la première personne, d'autant que ce livre me fut conseillé par une amie très chère pour que je me réconcilie avec le style de Colette que j'ai lu il y a longtemps mais auquel je n'ai jamais pu accrocher.
- Si tu vis toute seule, m'a dit Brague, c'est parce que tu le veux bien, n'est-ce pas ?
Certes, je le veux "bien", et même je le veux, tout court. Seulement, voilà...il y a des jours où la solitude, pour un être de mon âge, est un vin grisant qui vous saoule de liberté, et d'autres jours où c'est un tonique amer, et d'autres jours où c'est un poison qui vous jette la tête aux murs. (p.67)
J'ai relevé de très beaux passages, j'ai découvert d'un peu plus près l'envers du décor un peu triste des petits artistes aux costumes rapiécés d'un temps où ils pouvaient encore se permettre des appartements de 3 pièces dans Paris ou un repas à Montmartre, mais dans l'ensemble, j'ai trouvé l'histoire assez ennuyeuse : celle d'une femme amère que je n'ai pas réussi à trouver sympathique. Elle s'apitoie trop sur elle-même, a rarement de l'humour, et elle met un temps fou à s'intéresser au seul homme qui pourrait la sortir de sa précarité ; puis, enfin sensible à son charme et ses compliments, elle trouve une certaine "liberté" (d'esclave libre de ses choix) dans la fuite.
Je m'échappe, mais je ne suis pas quitte encore de toi, je le sais. Vagabonde, et libre, je souhaiterai parfois l'ombre de tes murs... Combien de fois vais-je retourner à toi, cher appui où je me repose et me blesse ?
Colette avouait le plaisir d'être une sorte de démiurge par l'écriture sans pour autant être obligée d'y verser toute la vérité. J'ose espérer qu'elle fut tout de même plus heureuse et décidée que son alter ego Renée.

date de parution : 1910
Illustration d'entrée de billet : Colette

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