GOFFETTE Guy - Elle, par bonheur et toujours nue


Lorsque Pierre Bonnard rencontre Marie, elle se fait appeler Marthe et le peintre tombe sous le charme de cette jeune femme montée à Paris pour devenir fleuriste ; elle deviendra sa muse et il finira par l'épouser, découvrant par là-même sa véritable identité.
Pierre, qu'il soit ou non amoureux, se lève tôt. De peur de manquer ce premier rendez-vous avec la lumière, quand l'oeil, encore mal débarbouillé des songes, n'est qu'un oeuf sous la paille des cils. (p.58)
Au travers d'un bref récit en dix parties, l'auteur nous brosse un portrait du peintre Pierre Bonnard (1867-1947) que j'ai trouvé passionnant au travers de sa vie en compagnie de Marie/Marthe ainsi que ses compatriotes peintres avec lesquels il se lie d'amitié ; il partage même un atelier avec Edouard Vuillard.

Bonnard est un homme discret, préférant sa campagne à la vie mondaine (il quitte Paris pour le sud de la France à la fin des années 20). La fin du livre explique le procès intenté par les ayants droit de Marie/Marthe qui bataillèrent contre les héritiers de Bonnard pour avoir leur part.
Ce n'est pas la couleur ni la technique qui font le peintre, pas plus que l'école ne le défait. C'est une manière bien à soi d'attraper le monde par le paletot et de ne plus le lâcher quoi qu'on dise ou fasse alentour pour vous arrêter. Une manière de se boucher les oreilles et de se fermer les yeux à tout ce qui n'est pas cela qu'on a senti un jour bouger à l'intérieur avec une telle évidence que rien ne prévaudra jamais contre. (p.132)
Impossible d'ignorer que l'auteur de ce récit est un poète, les mots sont choisis comme des couleurs qui font écho aux peintures décrites tout au long des pages. J'ai regretté parfois une certaine distance, une description parfois trop analytique du sujet. En tout cas, si Bonnard a su me toucher par sa personnalité (des études conjointes de Droit pour faire plaisir à Papa et d'art pour lui-même), je ne l'ai pas du tout été par sa muse qui à mes yeux reste une femme calculatrice et globalement peu sympathique ; leur histoire d'amour ne m'a pas autant émue que ne l'a été Malice qui m'a offert ce livre il y a quelques jours pour Noël.


135 pages
édition Gallimard/Folio : 1998
illustration d'entrée de billet : "La jarretière rouge" par Pierre Bonnard (1904)

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