INDRIDASON Arnaldur - La voix


Dans un grand grand hôtel de Reykjavik à l'approche de Noël, "Gulli" le portier discret qui faisait office d'homme à tout faire : réparateur, et même père Noël, est retrouvé à la cave, dans la pièce qui lui servait de chambre depuis plusieurs années, poignardé dans son déguisement quelques minutes avant le spectacle de Noël. L'enquête commence pour le commissaire Erlendur (et ses deux collègues) afin de découvrir qui pouvait en vouloir à cet homme sans ami, ni relation, d'après les premiers éléments récoltés. Erlendur découvre alors que la victime était autrefois un enfant "star" lorsqu'il était le meilleur chanteur des chœurs d'enfants d'Islande, promis à une carrière dorée. Erlendur découvre aussi que la victime avait rompu tout lien avec son père et sa sœur dans le même temps où sa voix mua, le faisant passer de la célébrité à l'anonymat.
Erlendur doit faire face aux problèmes existentiels de sa fille Eva Lind, jeune droguée qui sort du coma après avoir fait une fausse couche et qui menace de se suicider, tandis que sa collègue assiste au procès d'un homme accusé d'avoir maltraité son fils. Sa rencontre avec une biologiste auquel il n'est pas indifférent lui fait s'avouer à lui-même et comprendre que depuis son enfance, il culpabilise pour avoir survécu à une tempête de neige alors que son petit frère n'a jamais été retrouvé. Erlendur finit par tirer un fil qui le mène à de mystérieuses boîtes contenant les 45 tours récupérés des 2 enregistrements de "Gulli" au moment de la faillite de la maison de disques, pour lesquels certains seraient prêts à payer très cher pour les récupérer.
Le directeur de l'hôtel les pria d'agir avec autant de discrétion que possible. C'étaient les termes qu'il avait employés au téléphone. Il s'agissait d'un hôtel et le succès des hôtels dépend de leur réputation. (p.13)

Que dire ? un livre choisi lorsque je l'aperçu dans la bibliothèque de vacances où je me trouvais, en panne de mes livres car j'avais fini plus vite que prévu le roman précédent (un "pavé") qui devait me durer une semaine. Je ne connaissais pas cet auteur dont j'avais lu ici et là de bonnes critiques. Et bien non ! ce polar n'est pas terrible, loin s'en faut : les personnages sont superficiels, l'intrigue est moyenne avec ce pauvre gars abandonné, qui passe des années dans une cave et qui sort la nuit pour rentrer en cachette dans sa famille (?). En plus je trouve que l'auteur digresse sur 2 autres récits qui pour ma part peinent à faire avancer le schmilblick : l'enfance du commissaire et ses regrets qui justifient des lectures de personnages "perdus dans la nature" (ça ne s'invente pas !), puis celle d'un père qui a (peut-être) battu son petit garçon et que la collègue d'Erlendur a déjà déclaré coupable ; et je ne parle pas de la fille du commissaire qui n'arrête pas de lui mettre la pression. Reste quelques brins d'humour ici et là dans certains dialogues qui m'ont amusée :
- Vous êtes cinglés ou quoi ? hurla-t-il. Vous vous imaginez peut-être que je suis allé voir Gulli pour lui mettre une capote sur la quéquette ? Non mais, ça va pas ? bande de crétins ! C'est hors de question ! Absolument hors de question ! Vous pouvez bien me coller au trou et jeter la clé mais je refuse de prendre part à des conneries pareilles ! Vous m'entendez ! Pauvres crétins ! (p.65)
Nous sommes loin, très loin de l'intérêt des romans de Hennig Mankell qui reste pour moi exemplaire dans son genre. Ici, le style est insipide. Je n'ai pas trouvé en Erlendur un personnage pour qui je pourrais avoir de la sympathie : les personnages manquent de profondeurs même s'ils sont tous meurtris. L'intrigue est inintéressante alors que le sujet du jeune prodige qui bascule dans une vie de paria (à cause de son homosexualité cachée car elle fait honte à sa famille) aurait pu prendre un autre air. Un essai non concluant pour moi, qui peine à trouver un bon polar à lire.

Un détail m'a fait tiquer car comment est-ce que ce commissaire peut-il ignorer l'usage du snus, ce tabac à priser dont il est question et qui est pourtant très commun en Suède, un pays proche de l'Islande et par ailleurs évoqué dans l'enquête ? Mystère !


titre original : Röddin
année sortie 2002
édition française 2007
390 pages
traduction de l'islandais par Eric BOURY
illustration d'entrée de billet : maîtrise d'enfant (auteur inconnu)

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