VARGAS Fred - Temps glaciaires


Paris. Un étrange suicide et Adamsberg est invité par le commissaire de l'arrondissement à donner son avis sur la victime, et surtout un étrange signe trouvé à son côté. Bientôt, un second suicide, toujours avec le même signe. Le doute n'est plus permis et les enquêtes sont confiées à Adamsberg. Les deux victimes auraient fait partie d'une expédition en Islande voilà une dizaine d'années, et durant le voyage, il apprend que les expéditionnaires sont restés isolés sur une minuscule île mystérieuse où règne l'afturganga, un être surnaturel qui n'attire pas la sympathie mais plutôt la mort. Deux touristes y sont restés. Pensant que les autres survivants sont peut-être en danger, poursuivit par le criminel qui a sévit dans l'île, Adamsberg fait publier un appel à témoin et reçoit en échange une lettre d'un autre âge : le président d'une société d'histoire vouée à la révolution et à Robespierre lui annonce que les victimes faisaient partie de leur "club".
-Hâte-toi, "citoyen", lui dit Veyrenc en posant sa main sur son épaule, la séance débute dans dix minutes.
C'est à sa lèvre en biais qu'Adamsberg avait reconnu le lieutenant, avec un léger choc. Oui, il était facile à un meurtrier de se couler dans cette enceinte où les hommes étaient méconnaissables et les noms inconnus, et d'y observer chacun selon son bon plaisir.
Un Danglard un brin virevoltant dans sa soie violette remettait son portable dans les mains d'un surveillant.
-Dommage, dit-il, assez enjoué, que ces habits ne soient plus de mise. Je perds beaucoup de moi-même avec l'indigent vêtement contemporain. Comment avons-nous pu arriver à une imagination aussi pauvre ?
-En scène, Danglard dit Adamsberg en le poussant vers les grandes portes en bois, oubliant un instant dans cet étrange théâtre qu'il n'était venu ici que pour fouailler le coeur glissant des algues. (p.181)


Impatiente de lire ce dernier opus des aventures du commissaire-poète (d'ailleurs dans ce livre, il n'en est pas question), j'ai abandonné séance tenante une lecture à peine commencée pour dévorer ce livre. Car je l'ai dévoré facilement, intriguée.  Il y avait longtemps que je n'avais pas lu Vargas, le dernier étant "Dans les bois éternels" et le recueil de nouvelles "Coule la Seine" et j'ai eu plaisir à retrouver un Adamsberg moins improbable malgré son aspect illuminé par des intuitions (un côté qui, je l'avoue, me laisse dubitative). Mais le résultat est là : un réel plaisir (envoûtement) à la lecture, une écriture travaillée qui ne laisse aucune aspérité (pas de "redite") mais qui offre de belles surprises, qui nous fait voyager, dans le temps et sur la planète. Un bon polar qui ma donné envie d'aller en Islande ! mais pas celle de revivre la Révolution ! Une terrible, terrible époque. Fallait-il réellement passer par autant d'atrocités pour une pseudo liberté ? ce livre en tout cas nous y fait réfléchir.


année sortie 2015
Flammarion
485 pages
illustration d'entrée de billet : La chute de Robespierre par Emile Larcher

Commentaires