Le détective est au bar - Naomi AZUMA
C'est l'hiver sur l'île d'Hokkaido, un détective borderline, porté sur les jeux et la boisson, accepte de retrouver la petite amie d'un jeune homme désespéré venu à sa rencontre dans son quartier général, le bar Keller Ôhata où il a ses habitudes. Son attention est titillée lorsqu'il lit qu'un meurtre a eu lieu dans un "love hôtel" : un homme est mort poignardé dans la chambre encore tout habillé, sur les vidéo de surveillance, passage d'un homme suspect et de deux femmes évanouies dans la nature. Et si l'une d'elles était la petite amie reconvertie dans la prostitution ? Ce qui expliquerait les dépôts d'argent soudain sur son carnet d'épargne alors que ce n'est qu'une banale étudiante.
J'ai choisi ce titre au hasard dans le rayon des policiers de la médiathèque car je suis toujours à l'affut d'un bon polar qui me fait voyager dans d'autres pays.
- Très belle écriture : le style est agréable, les chapitres se succèdent sans temps mort et avec logique, souvent comique malgré la dureté des sujets abordés.
- Le sujet en revanche ne m'a pas trop convaincue : le personnage principal n'est pas sympathique : son appartement est une poubelle, il boit comme un trou, il fait attendre sa copine, après il n'est pas con et arrive à faire travailler ses méninges mais c'est un dur et il se bat beaucoup et prend pas mal de coups.
On évolue avec lui dans les quartiers chauds de Sapporo (ville sur l'île d'Hokkaido) donc on croise des Yakusa, certains très jeunes, et quand ils ne sont pas dans les parages à le surveiller ou l'intimider, c'est avec une bande de jeunes lycéens qu'il doit se battre.
Le roman est très glauque et pessimiste : on a une vision peu reluisante de la société japonaise gangrénée par un avenir peu reluisant pour les garçons ou les filles :
- un jeune homme laissé-pour-compte du système scolaire finira yakusa,
- une jeune fille pas très futée se prostituera par goût de l'argent facile et sous la protection d'un proxénète dont elle changera comme de chemise en fonction de ses besoins,
tout cela est très sordide.
Je n'ai pas été convaincue par l'apparition quasi soudaine du personnage de Monroe qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui a un passé (chaste) avec le détective mais sans être expliqué.
Je découvre les éditions Atakombo : des livres brochés c'est ce que j'aime car je n' ai plus la patience de lire des "poches" avec leur caractère souvent trop petits. Je chercherai d'autres titres de cette maison qui complète le choix de la maison Picquier spécialisée dans la littérature asiatique que j'apprécie beaucoup.
- A noter : une adaptation de ce roman avec le film japonais "The last shot in the bar" sorti en 2017
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publié en 1995 (Japon) et en 2020 pour la traduction française |
illustration : Sapporo photo de Kwon Youn sur Unsplash
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