AILLON Jean (d') - De taille et d'estoc

La jeunesse de Guilhem d'Ussel


Marseille, 1187. L'avenir d'Antoine paraît bien compromis alors qu'il n'a que 13 ans et se trouve déjà confronté aux dures réalités d'une vie ouvrière misérable. Ayant réglé son compte au rustre responsable de la mort de sa mère, désormais orphelin, Antoine n'a d'autre choix que de s'enfuir sur les routes malgré les dangers qu'il encoure à voyager sans protection, à la merci de routiers sanguinaires. Faisant contre mauvaise fortune preuve d'un courage exemplaire, Antoine devient Guilhem, et va s'endurcir au contact de bonnes et mauvaises rencontres, tiraillé entre son appel pour les armes et sa passion pour l'art du troubadour. Sa route croise en particulier celle d'un ancien moine de l'Abbaye de Cluny, accusé d'avoir volé une relique et parvient à laver de tout soupçon le malheureux en confrontant le coupable.
Le cheveu rare sous son bonnet, maigre comme un destachalard avec un visage taillé en coup de serpe et si étroit qu'il aurait permis d'embrasser une chèvre entre les cornes, il n'en avait pas moins des muscles puissants et une attitude autoritaire. Guilhem lui trouva un regard cauteleux et perfide, mais peut-être était-ce dû à son teint cendreux, à des traits creusés et à l'éclairage vacillant des torches de résine.
A côté de lui se tenait un moine bénédictain, d'après sa robe, dont la face rubiconde affichait la candeur mais peut-être aussi la faiblesse.
- Que Dieu vous conserve en Sa sainte et digne garde, noble seigneur, répondit Guilhem. Je me nomme Guilhem d'Ussel.
C'est durant ce voyage qu'il avait décidé d'ajouter ce patronyme à son nom, en souvenir du lieu où était mort Joceran.
(p.341)

Il ne fait pas bon se balader sur les routes de ce qu'est devenue la France mais qui, au XIIème, est un véritable terrain propice à des pillardises et paillardises toutes plus atroces les unes que les autres et ce, au nom de seigneurs mitoyens se disputant les terres. Jean d'Aillon nous conte dans le menu détail les conditions de vie d'un jeune garçon abandonné à lui même et doté d'un solide bon sens qui lui vaudra de pouvoir s'en sortir malgré des situations désespérées, et permettra sa survie malgré le handicap de sa jeunesse et de son inexpérience. Son érudition le sauve à maintes reprises (il sait lire, compter et écrire) et, bien qu'il ne soit pas un "saint", le lecteur est capable de lui apporter toute son admiration. En suivant Guilhem tout au long des 40 chapitres (2 parties), sur une période de 1187 à 1193, l'auteur nous fait découvrir les us et coutumes de cette période de l'histoire, les métiers, les habitations, l'alimentation, l'habillement, les croyances, tout en brossant un tableau (peu reluisant) sur les manières qu'avaient les seigneurs de faire régner leur loi par la terreur.

Un roman très original, bourré de références, qui emporte le lecteur au coeur de l'Histoire en compagnie d'un nouveau héros, chevalier et troubadour.

De taille et d'estoc (2012)
470 pages
édition par Presse de la cité
illustration d'entrée de billet : Le siège d'Acre en 1291 par Dominique Papety

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