Murder in Old Bombay : A Mystery - Nev MARCH
MEURTRE DANS LE VIEUX BOMBAY
1892. Le capitaine Jim Agnihotri est à l’hôpital militaire de Poona, à 4 h de route de Bombay, et passe ses journées à lire les journaux ou les romans de Sherlock Holmes. Un article dans un quotidien attire son attention : Adi Framji, un jeune veuf a publié un plaidoyer évoquant la mort de sa femme et de sa jeune soeur qui se seraient jetées d'elles-mêmes de la tour de l'horloge de l'université en plein après-midi. Le jeune veuf ne croit pas à la thèse du suicide conclu par la police. Une fois sorti de l'hôpital, Jim rejoint Bombay où il se présente au journal du quotidien pour un poste de journaliste et propose au rédacteur en chef de reprendre l'investigation sur le meurtre des deux jeunes femmes. Introduit dans la maison des Framji, Jim accepte de travailler pour Adi au lieu d'être mandaté par son journal. Sa tâche est de retracer les évènements qui ont conduit les deux jeunes femmes à leur mort et de découvrir le secret qu'elles ont gardé pour elles. Jim fait la connaissance de Diana, la soeur d'Adi Framji tout juste rentrée de Londres. Les deux jeunes gens sont de suite très attirés l'un par l'autre, mais la famille Framji est de religion parsie et cela empêche toute union avec une personne non parsie sous peine d'exclusion de cette communauté.

Contexte
Après les romans de Sujata Massey j'avais envie de poursuivre mes lectures avec la même atmosphère et je suis tombée sur ceux de Nev March. Ce roman est le premier tome des mystères du capitaine Jim et de Lady Diana.
Les personnages
Capitaine Jim Agnihotri est un anglo-Indien avec un père inconnu anglais et une mère indienne de la caste supérieur des brahmanes ; il a été confié dans une mission et en est parti pour s'engager dans l'armée britannique où il a servi dans la "Fourteenth Light Cavalry” (14è régiment de cavalerie légère).
Blessé au combat, il souffre d'un grave syndrome de stress post-traumatique et est rendu à la vie civile. D'un esprit combatif et généreux, très bien élevé il a pour but d'aider les autres. Ses origines mixte indo anglaise et sa couleur de peau plus claire lui permettent de s'immerger dans diverses communautés des plus pauvres aux plus riches sous divers déguisements. Tout cela ne va pas l'empêcher d'être régulièrement blessé soit au cours de son investigation, soit sur le ring car l'ancien capitaine est un boxeur né !
I was thirty, an age when many soldiers were retired and married, with a brood of three or four. But an Anglo-Indian is rarely welcome, and finding a wife would not be easy. No, I needed a job, a direction. I needed this post almost as much as Adi needed to lay his ghosts to rest. I was on the hunt, and it felt good to have a goal.
[ma traduction] J'avais trente ans, un âge où beaucoup de soldats sont retraités et mariés, avec trois ou quatre enfants. Mais un Anglo-Indien est rarement apprécié et il n'est pas simple pour lui de trouver une épouse. Non, j'avais besoin d'un travail, d'un but et je ressentais le besoin d'accepter cette proposition autant qu'Adi avait besoin d'enterrer ses fantômes. J'allais partir en chasse, et c'était bon d'avoir un objectif.
Lady Diana est une jeune femme parsie qui a étudié en Angleterre ; au début du livre, elle revient à Bombay et entame une relation privilégiée avec le capitaine Jim dont elle se sent très proche et qu'elle veut à tout prix aider dans sa poursuite de la vérité. Ella s'habille soit à la mode anglaise, soit parsie. Elle fête ses 20 ans. A Oxford, elle a croisé Cornelia Sorabji, qui a réellement existé, elle la cite parfois comme exemple.
Burjor put down his spoon. “Diana. You know that would be unwise.” His somber look passed from Diana to me. “Society has rules, Diana. Breaking them carries consequences. Take your friend Cornelia, twenty-four years old and unmarried. When her father converted to Christianity, his own family disowned him. (p.364)
[ma traduction] Burjor reposa sa cuillère. "Diana, tu sais que ce ne serait pas prudent". Son regard sombre quitta Diana et se posa sur moi. "La société a des règles ma fille. Les briser entraîne des répercussions. Prend l'exemple de ton amie Cornélia, 24 ans et toujours célibataire car lorsque son père s'est converti au christianisme, sa propre famille l'a désavoué.
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ma représentation de monsieur et madame Framji les parents de Adi et Diana (photographies de Philippe Jacques Potteau) |
Une énigme basée sur une histoire vraie
Le drame de départ est basé sur une histoire vraie : en 1891, deux filles de la communauté parsie ont chuté de 60 mètres depuis la tour de l’horloge de Rajabai à Bombay et la cause réelle de leur mort n'a jamais élucidée.
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carte postale mémorielle des jeunes Godrej |
Nées à la fin des années 1800, deux filles Godrej étaient des belles-sœurs. L’aînée, Bacha Godrej, était l’épouse de 20 ans d’un étudiant en droit de 22 ans, Ardeshir Godrej. Sa sœur de 16 ans, Pilloo Kamdin, était déjà mariée, mais n’avait pas encore rejoint la maison de son mari. Ces deux jeunes femmes s’étaient rendues à l’université cet après-midi-là, avaient grimpé les 200 marches qui menaient à la galerie de la tour de l’horloge, et l’une d’elles, puis l’autre, étaient mortes. Des témoins avaient assisté à une altercation entre des jeunes hommes dans l’heure précédant la mort des femmes, ce qui avait donné lieu à une enquête et à une arrestation. Toutefois, les circonstances exactes de la mort et l'identité du ou des meurtriers éventuels n'ont jamais été élucidées.
Les ressources de l'auteur
L'auteur, elle-même parsie de naissance, désormais américaine (mariée avec un homme qui n'est pas parsi), s'est plongée dans les archives familiales dont elle a hérité, en particulier un livre écrit par Delphine Menant dont elle s'est procuré une traduction anglaise.
De nombreux localisations dans le roman sont celles de sa famille qui habite en Inde, par exemple "Forgett Street" où habite le capitaine Jim, ou encore Poona. Certains noms propres sont également tirés de la vie réelle.
L'auteur utilise quelques évènements historiques pour illustrer certains passages de son roman comme la mutinerie des Cipayes de 1857 ; on pourra voir un film qui explique ce drame "Mangal Pandey - The Rising (2005)".
D'autres thèmes sérieux sont abordés : la cérémonie du sati (crémation des veuves), la prostitution d'enfants (une jeune orpheline de 12 ans est proposée à Jim par son "maître" en échange de 2 roupies) ou encore la traite d'esclaves en partance pour la Guyane.
La Tour Rajabai ou tour de l'horloge
- Principal lieu du drame qui a frappé les jeunes dames d'une mort atroce, la Tour Rajabai existe encore et domine le campus de l’Université du haut de ses 85 mètres.
- Architecte : Sir George Gilbert Scott qui s’est inspiré de Big Ben à Londres, au style gothique vénitien.
- Rajabai est le nom de la mère du mécène Premchand Roychand.
Mon avis
Le début du roman est très prometteur mais au milieu, l'auteur entame une digression qui ralentit le rythme et l'intérêt de l'histoire puisque le personnage principal se retrouve à faire d'autres tâches qui rallongent sa propre enquête et la résolution du mystère.
J'ai apprécié le style riche de l'auteur, qui fourmille de détails que ce soit dans les décors, les habits, les comportements et les pensées.
Toutefois, l'enquête piétine et perd de son intérêt avec trop de personnages secondaires qui perdent Jim dans son avancée vers la vérité. Je n'ai pas tellement apprécié les atermoiements entre Jim et Diana sur l'acceptation ou pas de leurs sentiments respectifs.
Malgré cela, j'ai hâte de lire la suite car j'ai beaucoup d'espoir sur l'évolution des personnages qui promettent d'incarner un nouveau genre de couple détective.
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publié en 2020 uniquement en langue anglaise (lu en e-book) |
Structure : 3/5
Crédibilité de l'auteur : 4/5
Style d'écriture : 4/5
Coup de coeur : 4/5
- Illustration d'entrée de billet : tour de l’horloge de Rajabai
- Source illustrations et informations complémentaires dans mon article : interview de l'auteur (articles et vidéos), livres "les Parsis" de Delphine Menant et recherches sur internet
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