La Marquise de Tencin - Georges LABROUSSE



Pour la France, le XVIIIe siècle fut marqué par le passage d’un régime monarchique caractérisé par les frivolités des privilégiés insouciants, représentés ici par la marquise de Tencin, à un gouvernement plus respectueux des droits de chacun. Sous l’impulsion de philosophes, d’écrivains et d’artistes à la recherche de plus d’égalité, des idées nouvelles se firent jour et se répandirent peu à peu dans le pays. Ces « Lumières » contribuèrent à l’avènement de la Révolution française qui, malgré de grandes difficultés, finit par donner à notre pays un régime plus démocratique. Cependant la condition des paysans de nos campagnes périgourdines, soumis aux caprices du climat, resta très précaire tout au long de ce siècle qui se termina pour les républicains avec une certaine amertume. Tous les efforts déployés pour obtenir une société plus juste n’étaient pas arrivés à juguler l’ambition personnelle de politiciens tels que Napoléon.


Un livre hybride : historique et instructif 

Un livre très documenté (une biographie assez conséquente est indiquée en fin de livre) mais le découpage des chapitres n'est pas facile à suivre car d'un chapitre à l'autre on passe "du coq à l'âne" soit sur des généralités en France, soit sur des particularités dans le Périgord (famines, inondations) qui est le région de prédilection de l'auteur.
Le livre est en fait constitué de "fiches" sur des personnes ou des faits prenant place au 18è siècle.



Le salon de Madame de Tencin

Le village de Neuilly était, pour les Parisiens, un lieu de sortie au début de la Régence. On s’y rendait pour y aller boire de l’eau-de-vie dans un cabaret, après le spectacle et le souper. La mode était aussi aux « petites maisons », des maisons de plaisance situées dans des endroits discrets, souvent destinées à des rendez-vous galants. Faisant référence à Léontion, une courtisane athénienne du 3ème siècle avant notre ère, qui tenait une école de philosophie et écrivait ou à Flora, une courtisane romaine, maîtresse de Pompée ou bien à Aspasie de Milet, célèbre pour sa beauté, s’entourant d’un cercle d’artistes et de philosophes, Madame de Tencin voulut se trouver au milieu de célébrités. Elle ouvrit son propre salon en 1717 dans une maison de la rue Saint-Honoré. Certains, comme Voltaire le fera plus tard, appelaient ce lieu « la Ménagerie ». Elle y recevait le mardi, assise sous un portrait du pape Benoît XIV. D’autres surnommaient ce salon « un bureau d’esprit ». On y discutait politique et finances dans l’esprit des Lumières. On pouvait y rencontrer des personnages aussi divers que :
– l’abbé Prévost, romancier, historien, journaliste et homme d’église,
– le comte de Tressan, un militaire, physicien, écrivain connu pour ses adaptations de romans, – le docteur Jean Astruc, un amant parmi tant d’autres,
– Louis Racine, le plus jeune fils de Jean Racine,
– Marivaux qui fit d’elle un beau portrait dans « La vie de Marianne »,
– l’abbé Le Blanc, homme d’église mais aussi avocat et écrivain, 
– Charles de Ferriol d’Argental, son neveu ambassadeur,
– Madame Dupin qu’elle surnommait « ma chère friponne »,
– Duclos, écrivain et historien,
– l’académicien de Boze, avocat,
– Emilie du Châtelet, une femme de lettres, mathématicienne et physicienne,
– Houdar de la Motte, écrivain dramaturge,
– le physicien et naturaliste Réaumur,
– le philosophe Montesquieu,
– Piron, un poète chansonnier et dramaturge,
– Marmontel, encyclopédiste, philosophe, dramaturge, conteur, historien,
– Saurin, poète, chansonnier, auteur dramatique,
– l’abbé Trublet, un moraliste farouchement opposé à Voltaire,
– l’écrivain Fontenelle, – Françoise de Graffigny, une écrivaine lorraine très en vue,
– l’abbé Gabriel Bonnot de Mably, philosophe, moraliste, économiste et historien,
– le docteur Tronchin, un médecin suisse,
– le peintre François Bouchet,
– et une multitude de jeunes auteurs et plus particulièrement anglais…

Pour moi, c'est un livre hybride qui mélange des chapitres ayant trait à une période ou à un thème particulier ("Des artistes peintres", "la médecine au 18è siècle", etc...), ce qui me fait poser des questions sur "quelle est la cible du lecteur" car ce n'est pas un divertissement et c'est trop court pour servir de base de travail universitaire.

Très bon niveau de rédaction qui rend le livre très agréable à lire. A réserver aux curieux qui s'intéressent à l'histoire de manière superficielle.



Chapitre "Des artistes peintres" 
La peinture du 18ème siècle fut marquée par le goût « rococo ». Les fêtes galantes et les décors de théâtre étaient représentés par nombre d’artistes. On peut citer, parmi tant d’autres :
.../...
Antoine Watteau, fils d’un marchand de tuiles de Valenciennes, aimait représenter des scènes de théâtre et il avait beaucoup de commandes de princes européens et de riches collectionneurs privés. Malgré une carrière assez brève – une quinzaine d’années car emporté par la maladie à 36 ans – il laissa une œuvre considérable : des milliers de dessins et plus de 200 tableaux. Après sa disparition, plusieurs de ses tableaux abîmés furent repeints ou restaurés, si bien que certains spécialistes ne reconnaissent que 39 toiles authentiques.

 


   
Structure
1 / 4
Crédibilité de l’auteur
4 / 4
Style / écriture
4 / 4
Potentiel du livre
2 / 4
Coup de coeur
2 / 4





Illustration d'entrée de billet : Portrait de la marquise de Tencin, artiste non précisé au Musée des Beaux-arts de Valenciennes

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