Blackwater, tome 2 : La Digue - Michael McDowell



Après la crue de la ville racontée dans le tome précédent, les notables projettent la construction d'une digue tout le long de la rivière Perdido aux eaux argileuses et rouge ainsi que le long de son affluent la Blackwater qui passe devant les trois scieries. L'étrange Elinor voit cette construction d'un mauvais œil mais se ravise en apprenant que les affaires de son époux ne sont pas si reluisantes et que la construction de la digue leur permettrait d'avoir un regain d'opportunités en rassurant les banques auxquelles il faut maintenant rembourser les emprunts. Elinor a mis au monde sa deuxième fille, moins de deux ans après Marian qu'elle a abandonnée à sa belle-mère Mary-Love et sa belle-sœur Sister ; cette fois, elle ne manque pas de baptiser à sa façon Frances dans la rivière Perdido. De son côté, sa belle-sœur jette son dévolu sur l'architecte en charge de la digue, seul moyen d'échapper un jour à sa mère, l'impitoyable Mary-Love, qui ne supporte pas que ses enfants lui échappent. 

Au début de ce deuxième tome, j'avoue avoir été contrariée par la façon dont Elinor laisse son nourrisson aux mains de son horrible belle-mère mais je me suis dit que l'auteur avait une bonne raison et je me suis laissée guidée par ce choix "crève coeur". De coeur il en sera également question au cours d'une séance de magie noire orchestrée pour faire venir l'amour entre Sister et son béguin. Cette scène sanglante sera surpassée dans l'horreur lorsqu'un sacrifice permettra à la digue de se fixer dans sa dernière portion.

Comme le premier tome, ce roman se lit très rapidement et agréablement, sans temps mort, sans longueur, je retrouve l'enthousiasme d'un lecteur qui sait qu'il trouvera à son rendez-vous de quoi le satisfaire pour quelques heures.

Au programme de ce tome (sans révélation trop importantes) : deux naissances, un mariage, deux sacrifices, des coups et blessures sur conjoints et viol, des héritages, des décisions pour la sauvegarde d'une région et ville toute entière.

édité en 1983 "the levee"

"Zadie, dit Elinor d'une voix toujours distante et étrange, je t'ai dit de rentrer à la maison.
-Mam'selle Elinor; vous pouvez pas mettre ce bébé dans l'eau !"
Elinor rit.
"Tu penses vraiment que la rivière voudrait du mal à ma petite fille ?" 
Et sur ce, elle jeta le nourrisson dans le remous noir et tumultueux de la Perdido, tel un pêcheur qui remet à l'eau une prise trop petite. (p.55)

Illustration d'entrée de billet : Franz Hein "Mermaid in a pool"

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