Framboise - Aurélien FERENCZI



Dans ce florilège de réflexions éparses, je ne crois pas qu'il y ait eu chez Françoise Dorléac de l'artifice ou de la coquetterie. J'ai envie de croire à ce qu'elle dit, de la croire. Comme si, ce jour-là, elle s'était ouverte entièrement, allant gratter dans les recoins de sa pensée, au fond du labyrinthe, derrière des tentures qu'elle aurait mises pour cacher le mal-être et la peur, ce qui la constitue pleinement. (p.101)

Aurélien Ferenczi, journaliste spécialisé dans le cinéma, décide de retracer la courte carrière de Françoise Dorléac morte tragiquement à 25 ans dans un accident de voiture, à partir de documents d'archives et de récit de quelques rares contemporains qui ont bien voulu lui apporter leur témoignage. 

Le récit est non chronologique et prend la forme d'une carte du tendre qui s'appuie sur les films que l'auteur nous relate, à commencer par "l'homme de Rio" qui lui a fait forte impression (que personnellement je n'ai pas du tout aimé car trop loufoque). De film en film, de chapitre en chapitre, on retrousse parfois le temps lorsque Françoise est encore enfant et passe une première audition, est adolescente en vacances avec sa soeur Catherine.

Françoise est passé par l'entrée des artistes, a grimpé en frissonnant l'escalier étroit, emprunté des couloirs tortueux, sentant confusément que les théâtres sont des labyrinthes où ne pas se perdre est un rituel réservé à un peuple élu. (p.38)

Le récit saute donc d'une époque à l'autre, d'un tournage à l'autre, d'un amoureux à l'autre, mais ne prend jamais le chemin de la vraie vie, comme si Françoise n'avait été qu'une actrice, toujours en représentation : elle danse, elle voyage, mais elle n'est pas amie, ni soeur, ni fille, du moins c'est l'impression que j'ai ressentie car le livre ne fait le portrait de Françoise Dorléac qu'à travers ses choix de film ou d'amants et j'aurai aimé des témoignages de ses amis proches, de sa soeur dans ce livre car je n'ai pas vu les deux documentaires que l'auteur évoque à la fin lorsqu'il regrette de ne pas avoir pu visiter les lieux où elle a habité. 

A la fin, l'auteur s'épanche sur sa propre famille qu'il a perdu de vue depuis longtemps (je n'ai pas trop compris l'intérêt dans ce livre).

Impression générale : un joli récit pour découvrir les coulisses d'une vie d'actrice mais qui manque un peu de naturel en occultant la partie psychologique de la femme qui vit tout de même  la révolution sexuelle de ces années-là d'avant 68 (contraception ?), elle aime les animaux (était-elle végétarienne ?), toutes ces choses que j'aurais aimé apprendre sur une actrice que j'admire beaucoup, surtout pour son rôle dans "la peau douce" ; lire ici mon avis.

 


 


🔰Livre reçu gracieusement dans le cadre de l'opération "masse critique juin 2024", merci aux éditions Actes Sud et à Babelio de m'avoir sélectionnée.


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