Le roitelet - Jean-François BEAUCHEMIN



Le narrateur (l'auteur) évoque la maladie de son petit frère diagnostiqué schizophrène et passe en revue, de manière non chronologique, le début de la maladie, les épisodes de crise, le temps qu'ils passent ensemble y compris après la mort des parents, les subterfuges dont il use pour aider son frère lors des crises. Prenant comme point de départ la routine d'écrire chaque jour une page de son histoire familiale, l'auteur compose ce recueil de souvenirs, parsemé de rêves donnant parfois un aspect presque fantastique au roman (épisode de la farine !).
« Je me suis souvenu des premiers symptômes : son décrochage de l'école, l'étrange repli sur soi, la perte d'intérêt pour presque tout, les insomnies, les troubles de l'attention puis les si déroutants accès de paranoïa, le mutisme, l'émoussement de l'affectivité, la lente dislocation de la personnalité. » (p.63) 
J'avais vu ce titre dans mes recommandations chez Babelio et j'avais eu peur que ce soit vraiment trop triste mais à l'occasion d'une déambulation dans ma médiathèque je suis tombée sur ce très court roman en 63 chapitres d'une ou deux pages pour l'essentiel. Le style est très poétique mais pas superficiel : il décrit très bien son ressentit vis à vis de la maladie handicapante de son frère, repli sur soi, délires de persécution, et l'impact sur lui entre incompréhension, fatalisme 
Deux ans plus tard mon frère et né à son tour, mais le chien cette fois a senti que quelque chose ne tournait pas rond. pendant un an, tous les jours et toutes les nuits pendant de longues heures, cette brave bête est restée plantée au chevet du petit corps, observant sans doute les quelques ombres qui déjà planaient au-dessus du berceau. » (p.80)

mais aussi espoir

« Je me rappelais avoir souffert, et qu'à l'époque ces gens-là m'avaient guéri, en quelque sorte. J'espérais secrètement que les livres aient sur mon frère le même effet bénéfique qu'ils avaient sur moi. C'était difficile à dire. je ne sais trop comment ni pourquoi, les poètes l'aidaient à vivre. » (p.52)

 

publié en 2024





Illustration d'entrée de billet : Philip Hallawell

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