Les noces noires de Guernaham - Anatole LE BRAZ


Emmanuel Prigent se languit d'amour (impossible) pour sa lointaine cousine Renée-Anne qui a dû épouser un homme vieux et riche mais qui la bat quotidiennement, exactions dont il est témoin puisqu'il travaille chez eux et habite dans l'étable. Toute la maisonnée craint le colérique propriétaire du domaine de Guernaham, souvent aviné, mais voici que le vieux barbon meurt. Emmanuel est promu régisseur de l'exploitation et continue de vivre dans son étable. Commence alors une année de veuvage pour Renée-Anne qui ne semble pas intéressée par la multitude des prétendants de son rang qui se pressent dans sa maison lors des veillées. Elle a toute confiance en Emmanuel, son protecteur mais celui-ci semble prendre ses distances malgré le fait qu'elle lui a offert de siéger auprès d'elle lors des veillées.


Après "Le gardien du feu" du même auteur (je republie l'article heureusement conservé chez Babelio juste après) j'ai eu envie de lire un autre histoire et j'ai trouvé cette nouvelle sur le site Ebooks libres et gratuits (ebooksgratuits.com) qui est vraiment parfait pour lire ou redécouvrir des classiques mais aussi des pépites moins connues. 

Le récit d'Anatole Le Braz nous invite en Bretagne, où "Les noces noires" désignent des noces après veuvage. Dans cette histoire qui sait garder du suspens, l'auteur conte avec beaucoup de poésie et de psychologie, l'histoire de deux êtres qui s'aiment, meurtris par le destin ; ils vont faire un pas vers l'autre pour briser le tabou d'un homme sans éducation qui ne pourrait prendre pour épouse une femme de meilleur condition sociale, riche propriétaire terrienne.

Une jolie nouvelle très facile à lire, je la recommande.


 
Emmanuel Prigent, dont le cœur n’avait pas encore parlé et qui n’avait pas de «  douce  » à ramener chez elle, demeura un instant sur la place à regarder l’«   homme aux chansons  » rassembler ses feuilles volantes ; puis, après une courte discussion avec lui-même, il s’achemina vers l’auberge. Il se sentait triste… La solitude, sans doute ; peut-être aussi une raison plus intime, certain malaise d’âme qui, depuis quelque temps, assombrissait sa pensée, ne lui permettait plus de jouir de la vie, béatement, comme par le passé. (p.1)

 

Illustration d'entrée de billet : Ave Maria - procession religieuse in Bretagne par Aloysius C. O’Kelly (1909)

Commentaires