AUSTER Paul - Moon Palace

Marco Fogg né de père inconnu, est élevé par son oncle Victor à la mort de sa mère. Lorsqu'il part à New York, son oncle lui offre des caisses de livres dont Marco se sert comme meubles dans cette petite chambre vide depuis laquelle il aperçoit l'enseigne clignotante d'un restaurant chinois lointain "Moon Palace", avant d'être réduit à les vendre, faute de travailler et parce qu'on ne vit pas seulement de l'air du temps. Réduit à la misère, il erre dans Central Park avant de rencontrer son sauveur, un excentrique petit vieux en chaise roulante, lequel lui raconte son histoire des plus fantastiques ; à la mort de celui-ci, Marco écrit au fils du vieillard selon ses dernières volontés et trouve en Barber, cet homme obèse et solitaire, un père qui a toujours chercher à retrouver la femme de sa vie sans savoir qu'elle avait eu un fils.
Cette histoire est l'une des dernières que Barber m'ait racontée, et elle m'a brisée le coeur. Je comprenais la réaction de Victor et, devant l'attachement dont elle témoignait à mon endroit, je me trouvais emporté par un tourbillon de sentiments - le regret déchirant de mon oncle, le deuil de sa mort éprouvé à nouveau. Mais en même temps, la frustration, l'amertume en évoquant les années perdues. Car si Victor avait répondu à la seconde lettre de Barber au lieu de s'enfuir, j'aurai pu découvrir mon père dès 1959. On ne peut reprocher à personne ce qui s'est passé, mais ce n'en est pas moins difficile à accepter. C'est un enchaînement de connexions manquantes ou mal synchronisées, de tâtonnements dans l'oscurité. Nous nous trouvions toujours au bon endroit au mauvais moment, nous nous manquions toujours à peine, toujours à quelques milimètres de comprendre la situation dans son ensemble. Cette histoire se résume ainsi, je pense. Une série d'occasions ratées. Tous les morceaux se trouvaient là depuis le début, mais personne n'a su les rassembler. (p.383)
C'est toujours un réel bonheur d'entamer un Paul Auster, très vite, on est emmené en un endroit inconnu mais familier, et l'on ne veut pas en bouger. Récit de quêtes philosophique : "quelles sont mes origines", "qui est sur terre pour m'aimer ?", "à qui puis-je être utile ?", "suis-je prête à avoir un enfant ?", tous ces thèmes sont ici abordés en même temps que notre personnage dérive littéralement d'Est en Ouest, à la conquête de son passé.

Récit maîtrisé, peut-être un peu long en certains endroits. Personnages dignes d'un cirque, le gringalet, le gros, la danseuse, tout ce petit monde se croise dans un puzzle où chaque pièce connaît sa place. Un style toujours évocateur qui fait sourire, le lecteur prend des notes (certains passages sont très beaux !). La fin arrive presque trop vite.


titre original : Moon palace (1989)
460 pages
édition française 1990 par Actes Sud
traduction de l'américain par Christine LE BOEUF
illustration d'entrée de billet : Central Park par Dwight William Tryon (1894)

Commentaires

  1. Bonjour,

    Je l'ai lu récemment, et retrouve dans ce billet les impressions que j'en ai retiré.
    J'ai bien aimé, mais déploré certaines longueurs. Disons qu'il ne s'agit pas du roman de cet auteur que je préfère (qui est je crois Le livre des illusions).

    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  2. Je crois que mon histoire "préférée" est peut-être La nuit de l'oracle mais j'ai également bien aimé la trilogie :)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre contribution à ce carnet de lectures (la modération des commentaires est activée pour les anciens articles)