Tant mieux - Amélie NOTHOMB
Amélie Nothomb retrace la vie de sa mère, renommée Adrienne, une vie basée sur les drames et la manière dont elle les affronte dès son plus jeune âge : à 4 ans, Adrienne est envoyée en vacances chez sa grand-mère maternelle, une dame acariâtre qui n'aime que son chat et qui vit dans la désolation d'avoir fait un mauvais mariage et de vivre dans la pauvreté. Pour supporter les brimades de sa "bonne maman de Gand", Adrienne adopte un mantra magique "Tant mieux" qu'elle gardera tout au long de sa vie et qui lui permet de glisser sur les écueils qui surgissent : la mauvaise ambiance à la maison avec des parents qui se disputent et ont chacun des aventures assumées, le comportement irresponsable de sa mère qui ne s'occupe pas de sa petite dernière etc., l'effroi ressenti lorsqu'elle comprend que sa mère tue les chats du voisinage, mais elle décide que malgré cela elle l'aime. Puis Adrienne adolescente, Adrienne amoureuse (la rencontre entre Adrienne et celui qui sera son époux, le père de l'auteur, est de toute beauté, digne d'un conte de fée). Dans une seconde partie, l'auteur reprend la parole et passe en revue les souvenirs du déclin de sa mère atteinte de la maladie de Parkinson, elle compare le sentiment vécu à la mort de son père, un héros acclamé, et son ressenti à la mort de sa mère, passé sous silence médiatique.
Je termine à peine la lecture et mes yeux portent encore l'humidité des larmes car oui, ce roman très personnel, que j'ai trouvé au début un peu désincarné car j'avais du mal à me représenter Adrienne à 4 ans et la manière dont elle réagit (pas comme une enfant de 4 ans justement) m'a offert une bouleversante introspection de ce que signifie l'amour d'un parent. La suite est une explosion d'aveux touchants, on sent que l'auteur a aimé sa mère sans pouvoir le lui dire aussi souvent que possible et cela nous ramène forcément à notre propre vécu, nos propres parents pour ceux qui les ont encore, ce qui est mon cas.
Parfois, elle se jetait dans les bras de sa mère et lui déclarait son amour. Maman souriait et répondait tendrement à ses effusions. - Moi aussi je t'aime ma chérie. La petite levait alors vers le visage maternel un regard adorateur. Les yeux disaient le tant mieux de l'amour, l'amour sans causalité, je t'aime, j'ai horreur de tes actes, je ne te changerai pas, tu ne changeras pas, je t'aime, ni donc, ni alors, ni par conséquent, ni malgré, ni rien. Tant mieux.
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publié en 2025 |
illustration : le pavillon de l'octroi à Bruxelles
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