L'impossible retour - Amélie NOTHOMB
Le japonais est ma langue fantôme. (p.17)
Mai 2023, Amélie Nothomb, qui n'est pas retournée au Japon depuis 2012, entreprend le voyage à l'occasion d'un prix gagné par une amie photographe qui lui demande d'être son guide personnel. Mais voilà que l'écrivain, tout à sa joie de retrouver son pays d'adoption et de coeur, se sent comme étrangère aux lieux qu'elle a pourtant habités, connus et parcourus. Cette sensation de l'imposteur est l'occasion de s'interroger sur la mémoire, les raisons de distorsions des souvenirs.
Ce court roman (150 pages) se lit très rapidement car le style de l'auteur est fluide comme un murmure, et pour ceux qui la connaissent (voix) on a l'impression qu'elle nous parle.
J'aime bien Amélie Nothomb pour ces trouvailles, sa folie atypique mais ce roman n'est pas exceptionnel. Il manque de relecture : j'ai trouvé de nombreuses répétitions qui à mon avis ne sont pas un effet de style désiré, autant dans les explications que dans le vocabulaire ("interlope" utilisé 2 fois page 111 et 1 fois p. 116) et aussi le geste d'attendre "la petite sœur" pour redemander à boire (utilisé deux fois).
Tout cela me donne à tiquer mais pas autant que le comportement de l'amie photographe qui est vraiment insupportable ! Je pense donc que l'auteur a exagéré le portrait pour pimenter leurs diverses aventures à la recherche d'un hôtel au milieu de la nuit et ça c'est plutôt drôle.
J'ai fait quelques recherches pour savoir qui a gagné le prix Niépce "Gens d’images" en 2021 car le nom de Pep Beni n'existe que dans le roman et pas dans la réalité. Il semble que cela pourrait être Marina Gadonneix qui l'a gagné en 2020 car en 2021 c'est un homme (Grégoire Eloy) qui a remporté le prix. Il s'agit d'une femme car dans le roman, elles vont aux bains (non mixtes).
S'agissant de l'évocation des souvenirs je n'ai pas vraiment été touchée par ce qu'en dit Amélie Nothomb dans ce roman, pourtant mon esprit était bien ouvert à sa prose mais j'ai trouvé les séquences de nostalgie trop superficielles ou trop dispersées, entre les souvenirs avec son père et les siens à différents âges.
Tout se passe comme si le japonais était une marée : à mesure que je m'éloigne, descend la mer des mots. Il suffit que je revienne et la marée remonte, mon bateau est en eau. (p.18)
Les livres dans le livre :
1/ A rebours de Huysmans, que l'auteur a emporté et qu'elle lit durant le voyage.
2/ Le Pavillon d'or que l'auteur évoque lorsque les deux femmes visitent le Kinkaku-ji à Kyoto (=appelé le pavillon d'or car recouvert de feuille d'or) et qui leur fait penser au roman de Mishima.
Illustration d'entrée de billet : Tsuchiya Koitsu ("Ueno Park")
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