Quelques nouvelles terrifiantes - Gaston LEROUX



LE DÎNER DES BUSTES
Lors d'un rassemblement d'anciens marins qui se racontent des histoires plus horribles les unes que les autres, le capitaine Michel qui est manchot, est pressé de raconter la sienne tandis qu'il se moque de ses camarades expliquant qu'il en a vu d'autres... C'est alors qu'il raconte dans quelle circonstance, il a perdu son bras, avertissant qu'aucun homme n'est resté à entendre la fin tellement c'est atroce.

– Ah ! çà ! capitaine Michel, il ne vous est donc jamais arrivé d’histoires épouvantables ?
– Si, répondit le capitaine, en ôtant sa pipe de la bouche. Si, il m’en est arrivé une… une seule !
– Eh bien ! racontez-la.
– Non !
– Pourquoi ?
– Parce qu’elle est trop épouvantable. Vous ne pourriez pas l’entendre. J’ai essayé plusieurs fois de la raconter, mais tout le monde s’en allait avant la fin.

LA HACHE D’OR
Une jeune femme découvre avec effroi la profession de son mari qui est le bourreau du village.

« Quelquefois il s’absentait un jour, deux jours, pour son commerce qui consistait, me disait-il, à acheter des lots d’arbres sur pied et à les revendre à des entrepreneurs. Il ne travaillait point par lui-même, laissant aux autres, me disait-il, le soin de faire, avec les arbres, des traverses de chemin de fer si la matière était de moindre qualité, des pieux ou des mâts de navires si cette qualité était supérieure. Seulement, il fallait s’y connaître. Et il tenait cette science de son père. Il ne m’emmenait jamais avec lui dans ses voyages. Il me laissait seule dans la maison avec une vieille servante qui m’avait reçue avec hostilité et dont je me cachais pour pleurer, car je n’étais pas heureuse. Herbert, j’en étais certaine, me cachait quelque chose, une chose à laquelle il pensait sans cesse et dont, moi non plus, qui ne savais rien, je ne pouvais détacher ma pensée.


L’AUBERGE ÉPOUVANTABLE
Deux couples arrivent en pleine tempête dans une auberge réputée pour avoir été le lieu de plusieurs années de massacre de voyageurs. Les nouveaux propriétaires pourraient bien s'inspirer de leur prédécesseurs, qui sait ?

« L’aubergiste revint nous trouver : “Encore deux qui veulent coucher ici ! La promenade ne leur dit rien par un temps pareil… Dépêchez-vous de choisir votre chambre car, entre nous, il n’y en a qu’une de propre !” « Vous pensez bien qu’on ne se le fit pas répéter et qu’on lui emboîta le pas. Nous grimpâmes un escalier raide comme une échelle. Par cet escalier, on arrivait, à gauche, au grenier qui s’étendait juste au-dessus de la grande cuisine et, par un corridor à droite, on parvenait à la chambre des voyageurs. Elle était célèbre, cette chambre : c’était là qu’avaient couché presque tous ceux que l’on avait assassinés.


LE NOËL DU PETIT VINCENT-VINCENT
Un couple ruiné organise son assassinat afin d'assurer un avenir à leur fils bien aimé.

« Le petit est bientôt au centre des plaisirs. Il tend maintenant ses mains vers l’arbre de Noël. Il veut tout toucher, tout prendre, jouir de tout à la fois ! Mais tout à coup la joie de l’enfant est suspendue. Il a vu les petits souliers dans la cheminée et constate qu’ils sont vides. Et voilà qu’il pleure !… Vincent tourne vers sa femme un regard de reproche : “Pourquoi lui as-tu causé cette peine ?” Mais elle a déjà pris le petit dans ses bras, le câline, essuie ses larmes, le console : “Petit Jésus n’a pas voulu tout apporter ce soir. Il reviendra demain matin. « – C’est bien vrai, maman ? « – Oui, il y aura un beau cadeau dans tes souliers.” « Confiant, Vincent-Vincent a retrouvé sa gaieté. « – Mais quelle surprise lui réserves-tu donc ? demande tout bas le père.

NOT’OLYMPE
Une jeune femme très belle se retrouve avec 12 prétendants. Lorsque le premier qu'elle a épousé meurt, elle se marie avec le second. la narrateur qui est en quatrième position laisse son tour et découvre qui est la main qui manœuvre la mort des 10 maris.

– Je peux vous dire que je n’ai été amoureux qu’une fois dans ma vie et c’est cette fois-là !… Si ça ne s’est plus rencontré depuis, c’est que je n’ai plus rencontré une fille pareille. Elle s’appelait Olympe ! Et nous étions bien une douzaine à vouloir l’épouser… – V’là les blagues qui commencent ! ricana Chanlieu. – Douze que je dis ! Nous les compterons tout à l’heure… Et encore, je ne parle que de ceux qui se sont déclarés !… Car il n’y avait pas un homme dans le département qui n’en eût envie !… Elle n’était point riche, mais elle était de bonne famille… Quant à la beauté, ah ! mes enfants !… À l’époque dont je vous parle, elle avait juste quinze ans et six mois !… Elle était d’un pays qui était renommé pour ses belles filles… un gros bourg bien plaisant où l’on venait du chef-lieu rien que pour voir les les jeunesses sortir le dimanche de l’église.

LA FEMME AU COLLIER DE VELOURS

Une femme blessée au cou porte un ruban pour cacher sa cicatrice, attisant la jalousie maladive de son mari.

Nous arrivons aux choses sérieuses. Nous partîmes d’Ajaccio et arrivâmes vers le soir à Bonifacio. Et, pendant que les gros navires continuaient leur chemin jusqu’à Porto-Vecchio, moi, je fus de ceux qui accompagnèrent le ministre à terre. Il y avait naturellement fête, dîner de gala et, le soir, réception dans les salles de la mairie. « Bonifacio, situé en face de la menaçante Magdelana, demandait un poste de défense mobile. Pour l’obtenir, la ville fit mille grâces, sortit ses plus magnifiques atours, ses plus belles fleurs, ses plus belles femmes, et vous savez si les femmes corses sont jolies ! Au dîner, nous en vîmes quelques-unes qui étaient d’une beauté vraiment remarquable. Comme j’en félicitais mon voisin de table, un brave homme charmant et terriblement frisé, gros garçon débonnaire que chacun appelait Pietro-Santo et qui était alors secrétaire de mairie, il me dit : « Attendez la femme au collier de velours ! « – Elle est encore plus belle que celle-ci ? demandai-je en souriant.

 
nouvelles publiées de 1911 à 1924


Je profite des mises à disposition des romans sur le site Ebooks libres et gratuits (ebooksgratuits.com) et j'ai choisi ce volume qui se lit facilement en quelques jours. De Gaston Leroux j'avais déjà lu le mystère de la chambre jaune, qui ne m'avais pas trop convaincu mais j'ai aussi le souvenir du feuilleton la poupée sanglante qui nous avait bien tenu en haleine, ma mère ma soeur et moi, lorsque j'étais jeune et que cela passait à la télévision.

De toutes les histoires, la première est vraiment la plus affreuse.

En tout cas je préfère mille fois lire ce genre d'auteur que les nouveaux écrivains qui pondent des horreurs à grand renfort d'atrocités et d'hémoglobine.


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