Leçon de grec - Han KANG



A Séoul, un coréen d'une trentaine d'années qui a vécu la moitié de sa vie en Allemagne et qui a décidé de revenir à sa terre d'origine donne des cours du soir de grec ancien à un petit groupe d'adultes, aux motivations toutes différentes. Parmi ses élèves, une femme qui ne dit pas un mot, l'intrigue. Une femme, qui a perdu depuis de nombreuses années l'usage de la parole, et qui est d'abord passé pour folle aux yeux de sa famille au point d'être internée, doit maintenant supporter que son ex-mari lui enlève leur fils, arguant qu'elle n'est pas capable de s'en occuper. Elle se rend aux cours de grec pour se donner un but et un espoir de retrouver un jour la parole. Un soir, tandis qu'un oiseau s'engouffre par erreur dans l'immeuble où sont donnés les cours, l'homme casse ses lunettes et la femme lui porte secours jusqu'à la raccompagner chez lui.

Ce serait être malhonnête de dire que j'ai adoré ce roman, ce n'est pas le cas. Je m'attendais à autre chose de plus limpide, de plus direct, surtout après avoir lu avec intérêt la Végétarienne du même auteur. Ici, nous avons droit à des passages où l'auteur fait intervenir les deux protagonistes tour à tour sans vraiment de liaison, ni dans le narratif, ni dans la chronologie, ce que j'ai trouvé trop fouillis, pour moi qui aime la logique. Il n'en demeure pas moins un texte hautement poétique et je pense qu'il faut l'accepter comme tel pur l'apprécier à sa juste valeur. J'ai également été ennuyée de faire le parallèle avec les thèmes de Yoko Ogawa, que je connais bien : la perte d'un sens, la solitude, la famille, jusqu'aux anecdotes que la matière, les composants chimiques, que l'auteur japonaise émaille régulièrement dans ses oeuvres. De plus, contrairement à ce que j'imaginais, ce ne sont que dans les dernières pages (à partir de la page 136 sur 183) que les deux protagonistes interagissent vraiment et se "parlent" sinon, tout au long du roman, on les décrit, on connaît leur difficultés, leurs renoncements, leurs abandons. Une belle lecture très poétique mais un style qui manque d'empathie, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages qui semblent évoluer dans une bulle impénétrable.


Sans qu'elle en prenne conscience, ses deux lèvres étaient sur le point de remuer comme celles d'un petit enfant. Bibliothèque, s'était-elle entendu murmurer dans un endroit plus profond que la langue et la gorge. Elle n'avait pas tout de suite réalisé combien cet instant était important.


Illustration d'entrée de billet : ccccccccccc

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