Le livre de ma mère - Albert COHEN



Albert Cohen s'épanche sur ses regrets de n'avoir pas su dire à sa mère combien elle comptait pour lui. A présent qu'elle est morte, il la fait revivre dans ses souvenirs et passe en revue toutes les fois où elle a été un point d'appui dans de nombreuses occasions et se lamente de n'avoir désormais plus personne.

Jamais plus sur un banc de square tu ne m'attendras. Tu m'as abandonné, tu ne m'as pas attendu, tu as quitté ton banc, tu n'as pas eu le courage d'attendre le retour de ton fils. Cette fois, il t'a trop fait attendre. Il était trop en retard au rendez-vous et tu es partie. C'est la première méchanceté que tu m'aies faite. Je suis seul maintenant et c'est à mon tour d'attendre sur le banc automnal de la vie, sous le vent froid qui gémit dans le crépuscule et soulève les feuilles mortes en néfastes tourbillons odeur d'anciennes chambres, à mon tour d'attendre ma mère qui ne vient pas, qui ne viendra plus au rendez-vous, ne viendra plus. (p.87)


Effectivement je recommande cette lecture (que je notre 3/5 sur Babelio) pour le style de certaines expressions et émotions, en revanche je trouve que l'auteur patine un peu et radote toujours la même chose au lieu de creuser les pans de leur histoire que l'on devine. Puisqu'il s'agit d'un roman autobiographique, l'auteur aurait pu expliquer pourquoi il ne revoit pas sa mère, qui meurt à Marseille en 1943 alors qu'il se trouve en Angleterre mais il ne dit pas pourquoi il ne peut pas revenir en France pour l'enterrement. On ne sait pas trop de quoi elle meurt : ce n'est pas écrit dans le roman. On ne sait pas non plus à quel moment il écrit le roman qui sort en 1954, on peut imaginer qu'il l'a écrit avant. Il se décrit comme un "homme à femmes" alors qu'en réalité il s'est quand marié (en 1919 une première épouse, en 1931, une deuxième).

A la fin, j'avais plus l'impression que l'auteur avait écrit un mea culpa, un peu tardif, histoire de montrer combien il a finit par écrire de belles choses sur sa mère.

Soudain, devant ma table de travail, parce que tout y est en ordre et que j'ai du café chaud et une cigarette à peine commencée et que j'ai un briquet qui fonctionne et que ma plume marche bien et que je suis près du feu et de ma chatte, j'ai un moment de bonheur si grand qu'il m'émeut. (p.11)

Ne dirait-on pas que l'auteur se félicite lui-même d'avoir autant de chance de pourvoir écrire ? Je suis étonnée que le roman ait eu si peu de critiques pour les raisons évoquées car il me reste comme un goût d'inachevé. Il n'en reste pas moins quelques jolies phrases, témoignage d'un fils qui n'a pas su dire à sa mère combien elle était précieuses pour lui.

En ce qui me concerne, ce livre agit comme un catalyseur : me donne l'envie d'écrire un texte à ma propre mère tant qu'elle est encore auprès de moi.

publié en 1954




illustration : Maurice Denis

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