Le rat d'égout - Nuril BASRI
Je me suis mis à écrire en anglais l'histoire que vous êtes en train de lire. Oui, je veux parler de ce livre !
C'est en allant chercher un roman que j'avais réservé à la médiathèque (La danseuse de Modiano) que je suis tombée par hasard sur ce livre présenté sur l'étagère des nouveautés, attirée par la couverture, le format et la maison d'édition qui m'est inconnue. Intriguée, j'ai découvert que les éditions Perspective Cavalière sont consacrées à la littérature mondiale et aux minorités sexuelles. En tout cas : très beau site et beaux livres, les couvertures sont très inspirantes et me donnent en vie de tout lire (voir le site à la fin de billet).
Bien m'en a pris ! Et pourtant je ne suis pas du tout adepte des littératures clivantes car c'est pour moi le meilleur moyen de prouver une différence qui ne devrait pas l'être ; mais c'est peut-être compliqué de se démarquer face à la profusion (l'inondation) des productions littéraires, alors pourquoi pas ? je ne connais rien au marketing.
Pour revenir au roman. C'est très bien écrit, à la première personne, ce qui permet au lecteur de se glisser facilement dans la peau et les réflexions du personnage principal dont on éprouve facilement la détresse, la tristesse, l'ennui, mais aussi les joies, les transports amoureux, les espoirs.
Elle est là, la raison de mon amour. Dans cette question posée dès le réveil. Comme si je comptais à ses yeux. Comme si l'affreux jojo que j'étais méritait qu'on la lui pose. (p.107)
Premier roman de l'auteur traduit en français, ce roman fut d'abord écrit en anglais étant donné l'impossibilité de publier ceci en Indonésie où la religion interdit l'homosexualité (y compris en littérature !!). Il vient d'obtenir le grand prix du roman gay traduit 2023. Je tiens à préciser qu'il n'y a absolument aucun passage graveleux, pour moi c'est une lecture pour tout public.
Mon chagrin était si fort, et ma peine était si grande que je ne dormais plus. Heureusement qu'en Indonésie on ne peut pas trouver de l'alcool comme ça, sinon j'aurais vite fini alcoolo...Du moins si j'avais pu me le permettre, ha ha !! (p.110)
J'ai vraiment apprécié le style de l'auteur qui a par ailleurs publié de nombreux romans. Une très belle découverte. Beaucoup d'humour malgré un propos qui n'a rien de drôle (solitude, pauvreté), c'est un roman qui se lit en une journée tellement l'écriture est fluide et le récit intéressant.
J'ai eu une pensée pour ma mère, qui n'avait jamais mangé rien de semblable. Et que dire de ces vieux qui claquaient toutes leurs économies dans leur pèlerinage ? Ou de tous ceux qui n'avaient pas les moyens de se payer à manger ? Je venais d'engloutir un steak au prix d'un mois de loyer ! J'avais l'impression d'avoir lésé tellement de monde que ça me rendait malheureux. Je me sentais mesquin, abominable. (p.78)
édité en 2023 |
Le site des éditions perspectives cavalières |
Illustration d'entrée de billet : Love Lane Penang (artiste inconnu)
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