Les Aiguilles d’or - Michael MCDOWELL


New York, en ce début d'année 1882, tandis que les festivités favorisent le mélange dans les rues des riches et des pauvres déambulant vers la nouvelle année, le patriarche de la famille Stallworth se met en tête d'éradiquer le vice qui profite à toutes sortes de délinquants dans un des quartiers surnommé le "Triangle Noir". Il s'agira, à coup d'articles de presse bien sentis, de dénoncer les crimes qui se trament à l'insu des citoyens qui préfèrent ne rien voir de la misère à leur porte. Faisant cela, il espère redonner du pouvoir aux républicains, faire passer les socialistes pour des incapables d'éradiquer le crime, et assurer à sa famille le respect qui leur est dû et avec un peu de chance, de parvenir à se hisser à un rang supérieur dans la société ; surtout ses enfants : Edward le pasteur presbytérien et Marian, l'épouse de Duncan Phair, un avocat.
Bientôt le juge Stallworth a dans son collimateur une famille de criminelles, les Shanks, receleuses d'objets et de bijoux volés, avorteuses, voleuses, prostituées, qui n'hésitent pas à mêler à leurs ignobles, et parfois épouvantables combines, les jumeaux de l'une d'elles à peine âgés de 10 ans et déjà assassins.
Lorsque, tout à fait fortuitement, Duncan prend pour maîtresse l'une des Shanks, la machine prévue pour écraser le commerce des criminelles déraille. La matriarche des Shanks ayant perdu 3 des siens va promettre de se venger en prenant la vie de 3 des Stallworth.
 

Ceci est un petit livre aperçu dans l'étagère des nouveautés de ma médiathèque et j'ai été attirée par la couverture très originale. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre comme qualité d'écriture et j'ai donc été agréablement surprise dès les premières pages : un style foisonnant au service d'une histoire plutôt glauque : on est plus souvent dans les bas-fonds à côtoyer la misère et la mort qu'autour de tables richement servies.


Mon avis sur le roman est mitigé : si j'ai grandement apprécié le style exceptionnel de l'auteur, j'ai regretté qu'il fasse évoluer les personnages de manière à ce que l'horrible famille Shanks parvienne à ses fins ; on ne peut pas excuser et pardonner leur terribles forfaitures : la pauvreté ne dédouane pas de leur culpabilité. Les Stallworth sont eux aussi peu amènes car imbus de leur rang social, de leur fortune, ils sont incapables de compassion, à l'exception d'Helen, la fille d'Edward, qui est une bonne personne cherchant à vraiment à faire le bien et c'est pour moi, le personnage le plus lumineux du roman.


Globalement j'ai apprécié cette lecture mais pas à 100% à cause du manque de moralité dans sa conclusion de l'histoire.

Les aiguilles d'or du titre sont des aiguilles servant à chauffer des boules d'opium, elles seront utilisées pour tuer à plusieurs reprises.




On ne fait pas la charité au hasard, ou au gré des zigzags. Cela ne servirait à rien de parcourir les rues en distribuant des largesses à ceux qui ont l'air le plus malheureux. On apprend vite que la véritable misère se cache. C'est dans les maisons que se trouvent ceux qui sont trop malades pour se montrer dans les rues et attirer la pitié. C'est là que l'on rencontre la vertu contrariée et la pudeur tourmentée. (p.215)

 

édité en 1980 Gilded Needles
2023 pour l'édition française
Monsieur Toussaint Louverture 


J'inaugure un paragraphe supplémentaire pour résumer le roman à quelques caractéristiques :

Le roman n'a pas de suite. Il s'agit d'une vengeance d'une famille de criminelles sur une famille de notables qui cherche à agrandir son influence pour les prochaines élections en dénonçant le vice et la corruption ; il y a de la violence (morts, sang, pauvreté, drogue) et du sexe non explicite (relations hétéro et homo). La qualité d'écriture est excellente (5/5).




Illustration d'entrée de billet : Harald Engman "Opium smoke"

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