La ferme africaine - Karen BLIXEN

Karen Blixen en 1913


Karen Blixen a vécu 17 ans en Afrique, au Kenya (de 1914 à 1931) ; elle y possédait une ferme et une plantation de café dans les hauteurs : les Ngong Hills. Ruinée, elle fut obligée de vendre sa propriété et revint au Danemark, où elle écrivit ce récit biographie, un livre magique !

 


Ce livre n'est pas un roman fictionnel et, s'il a inspiré le film "Out of Africa" sorti en 1985, il en est tout de même très éloigné à mes yeux. Tout d'abord, ne vous attendez pas à y découvrir ses histoires de "coeur", car nulle mention de son mari ou de Denys Finch-Hatton en tant qu'amant ; il est tout de même question de ce dernier à partir de la page 200 (sur 506). Même si j'aurais préféré un récit chronologique que, personnellement, je trouve plus agréable à suivre, Karen Blixen passe en revue chaque souvenir qui lui tient à coeur, sautant d'une époque à une autre. Il en résulte une succession d'histoires indépendantes, reliées entre elles par le fil de sa mémoire. Chaque souvenir se comporte comme une perle que Karen enfile le long d'un collier imaginaire, le bijou de son destin.

Considérant que les chapitres sont rassemblés de manière thématique, ceci entraîne le retour de certains souvenirs à plusieurs endroits, sans toutefois être agaçant, cela ressemble au monologue que tiendrait une vieille dame au coin d'un feu. L'impression d'ensemble est très puissante ; pour tout dire, j'ai eu un grand plaisir à dévorer ce livre, tel un fauve. Ce qui se détache : la passion, l'amour de Karen pour l'Afrique et les Africains, ses chevaux, ses chiens (des lévriers irlandais), la nature, les animaux, les plantes, les fleurs etc... Avant de quitter l'Afrique, elle a vendu tout ce qu'elle possédait, la vaisselle, les meubles danois qu'elle avait apporté, comme si elle avait voulu repartir de zéro et ne conserver du passé que ses réminiscences.

J'ai regretté que ce livre ne nous fasse rien savoir de sa vie intime : sa vie de femme, on sait qu'elle est mariée puisqu'elle évoque son mari (sans le nommer d'ailleurs) : il reste donc semblable à une ombre insignifiante. Karen, qui arrive en Afrique dans la trentaine, et en repart vers la cinquantaine, semble avoir eu une vie de nonne. Cela me laisse perplexe. Evidemment, j'aime beaucoup le style de Karen, mélange de sauvagerie et de précision, un chaud froid qui me ressemble. Pour en savoir plus, et comme recommandé dans la préface par le traducteur Alain Gnaedig, il faut lire ses Lettres d'Afrique.


Adieu, adieu. Je vous souhaite de mourir en route, mais de mourir toutes les deux, pour que l'une de vos nobles petites têtes qui se découpent maintenant par-dessus le bord de la caisse dans le ciel bleu de Mombassa ne se retrouve pas seule, à regarder de droite à gauche, à Hambourg, où nul ne sait rien de l'Afrique. (p.296, Karen Blixen évoque dans ce passage deux girafe embarquées)

La ferme Africaine (1942)
Out of Africa (1937)



lien vers la ferme de Karen Blixen : The House at Ngong (karenblixen.com)



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