Cyber China - XIAOLONG QIU



Lorsque Zhou, un cadre de la municipalité de Shanghai est photographié en possession d'un paquet de cigarettes réservées à l'élite et donc très chères, il se retrouve au centre d'une protestation sur Internet et est bientôt placé en détention surveillée dans un hôtel chic (la villa Moller). Peu après, il est retrouvé pendu mais ce suicide attire la suspicion de la police car peu avant il ne se comportait pas comme quelqu'un qui va mettre fin à ses jours. L'équipe de Chen Cao est sur l'affaire en la personne de l'inspecteur Wei. Lorsque ce dernier est victime d'un accident de la circulation, cela en est trop pour Chen Cao qui se met en quête d'indices et suit plusieurs pistes : trouver les preuves détenues par Zhao au point que certains de ces "amis" veuillent l'éliminer, prouver que Wei était bien en service commandé afin que sa veuve bénéficie d'une aide. Chen Cao fait la connaissance de Wang Fen, une journaliste financière qui ne lui est pas indifférente et qui va l'initier aux arcanes des articles publiés sur internet dans les blogs et forum, où l'expression est plus libre que dans la presse officielle mais qui, parfois, peut se révéler mortelle.


Nous voici déjà à la 8è enquête de l'inspecteur Chen Ca qui a la cinquantaine, qui est toujours célibataire au grand désespoir de sa mère et de l'épouse de son meilleur ami et coéquipier. Et pour ne rien arranger, à chaque fois qu'il tombe sur une femme à son goût, un important problème les sépare : soit elle meurt, soit elle se marie avec un autre, soit ils ont un secret tellement lourd à partager qu'ils ne peuvent rester ensemble.

L'auteur a le chic pour garder un as dans sa manche, un as de pique évidemment car du coup notre inspecteur reste libre pour de nouvelles  aventures à la fin de chaque roman.

Comme je l'ai indiqué dans le résumé : dans cette histoire, deux morts s'enchaînent avec pour départ un article sur internet où les cyber citoyens s'en donnent à coeur joie pour dénigrer le système corrompu des "gros sous" qui s'en mettent plein les poches grâce à copinages, des ententes secrètes, ici il est question de spéculations immobilières.

Et comme toujours Chen Cao a la chance d'avoir des amis hauts placés qui l'aident, soit à titre privé soit au cours de son travail, un peu comme des mentors placés au bon endroit, au bon moment. Et lui aussi a sa disposition des objets luxueux, hérite de cadeaux dont il use parfois, comme par exemple des cigarettes "Panda"  qui coûtent 190 € le paquet de 20 cigarettes.

cigarettes "Panda"
que fume Chen Cao


Mais les romans de Qiu ne sont pas seulement une succession de banales enquêtes policières car l'auteur y décrit et dénonce un système protectionniste autour de la raison d'état : après le règne de Mao et sa révolution culturelle est venu le temps des enrichissements personnels, et l'état est prêt à toutes les menaces, pour juguler celles et ceux qui tentent de fragiliser un équilibre qui n'a rien de naturel, ni d'équitable, ni de logique. Ainsi Chen qui, après des études d'anglais et de littérature, se retrouve policier.

J'aime aussi les découvertes architecturales : la villa Moller où prend place une partie des scènes (car c'est dans cet hôtel qu'est détenu Zhou le temps de fouiller son domicile et son bureau) existe réellement et c'est en faisant des recherches que j'ai découvert la tragique histoire de ce manoir somptueux qui a été confisqué à son propriétaire et qui est à présent un hôtel luxueux en plein centre ville.

Je vais bien entendu poursuivre la lecture des enquêtes de Chen Cao (il m'en reste 3 car j'ai déjà lu le roman suivant il y a quelques années, avant de me décider à lire tout le cycle Chen Cao dans l'ordre chronologique), avec l'espoir que les romans à venir lui réservent encore de belles surprises et peut-être une retraite méritée en bonne compagnie.



- Mais je reviens ici de temps en temps pour me remplir des souvenirs de cette époque. Vous avez le droit de rire de mon sentimentalisme. Ici, à l'endroit même où se dresse aujourd'hui ce restaurant, je suis venu m'assoir sur un banc vert, presque tous les matins, durant trois années.
- Oui, le coin feng shui parfait pour une étoile montante : la promenade du Bund où les flots du présent viennent s'écraser contre le souvenir d'un éternel rêve de jeunesse.
- Vous êtes bien sarcastique, Lianping. Il s'agit plutôt de fragments du passé que je viens ramasser sur la rive du présent.
- Quel poète vous faite, dit-elle malgré elle. (p.247) 


publié en 2012 (en anglais et français)

 


Illustration d'entrée de billet : la villa Moller

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