Together and Apart - Margaret KENNEDY

Titre français "Divorce à l'anglaise" en 2023, édition revisitée ou "Solitude en commun" lors de la publication en français en 1939. Je préfère le titre anglais !

"Farewell" - Remedios Varo

Années 20 au Royaume Uni. A l'aube de ses 40 ans, une femme mariée réalise qu'elle est insatisfaite de sa vie d'épouse délaissée et de mère de 3 enfants, dont 2 adolescents, et convainc son époux qu'ils seraient plus heureux l'un et l'autre séparés ; il a eu une aventure et elle ne ressent plus de désir pour lui. Ce qui devait être un divorce à l'amiable se transforme en désagrégation de la famille par succession d'erreurs de jugements de la part de leur entourage et d'ingérence dans la décision prise. Quelques années plus tard, une fois le divorce prononcé l'un et l'autre se remarient chacun de leur côté, mais aucun d'eux ne revivra plus la même intensité d'un véritable amour.


Ecrit en 1936, ce roman n'a pas pris une ride, c'est dire que le style de l'auteur est exceptionnellement travaillé, décrivant un intime universel, ses passions, ses pulsions. J'ai dévoré ce roman au rythme plaisant, alternant des chapitres concis titrés avec justesse et relatant ce qu'il faut pour brosser une scène. Il y a également beaucoup d'humour, une certaine distance prise avec les personnages afin de mieux les décrire avec leurs qualités et leurs faiblesses.

L'histoire réelle n'est pas exempte et apporte une touche discrète de la vie politique de cette époque (l'horrible guerre de 14-18), le début de persécution des Juifs et certaines allusions prennent part au roman. J'ai trouvé de nombreux passages qui ont un écho avec notre société actuelle ! Imaginez un peu :
"La position du gouvernement là-dessus est compréhensible, bien sûr. L'Angleterre ne peut pas voir débarquer des masses de réfugiés affamés, incapables de subvenir à leurs propres besoins. Ce serait injuste vis à vis de nos concitoyens.(page 277)

Un très bon et beau moment de lecture qui me donne très envie de lire d'autres œuvres de cette auteur.

C'était comme si ce mot qu'il avait prononcé n'avait été perçu par elle que comme un son, comme si elle avait entendu un cavalier dans la nuit, les pleurs d'un nouveau-né, la pluie de terre et de graviers sur un cercueil. Dans le souterrain bruyant des années ces bruits définitifs, irrévocables, se font rarement entendre. Ils déferlent telles des vagues sur une grève inconnue, mais aucun tonnerre ne peut éveiller un écho aussi long, aussi lancinant. (page 385)

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