Amour, meurtre et pandémie - Xiaolong QIU



Bien que toujours en position administrative de "convalescence" forcée par le parti communiste chinois, l'ancien inspecteur Chen Cao - qui détient depuis quelques temps le titre fantoche de directeur du Bureau de la réforme judiciaire - est mandaté par la ville de Shanghai pour enquêter sur les morts suspectes de trois individus évoluant dans l'entourage d'un hôpital : un administrateur, un chirurgien et une infirmière.
Devant travailler dans le contexte de la pandémie du COVID, Chen Cao est assisté depuis quelques temps par Jin, sa secrétaire, qui remplace en quelque sorte ses anciens amis et partenaires de la police. Les caméras de surveillance intrusives qui quadrillent désormais la ville vont toutefois lui permettre de visualiser les déplacements des victimes avant leur mort et ainsi découvrir les raisons de ces meurtres qui ne sont pas forcément liés entre eux.
- Mais je ne suis pas libre de mes mouvements. Mon îlot a des règles très strictes et les résidents ne peuvent sortir que deux ou trois fois par semaine. En outre, Jin vient juste de me dire qu'à partir de demain le métro p de la ville risque de fermer...
- Vous n'avez pas à vous souciez de cela, directeur Chen. Un permis spécial est en train d'être établi pour vous permettre de circuler librement. Et considérant les problèmes de transport, nous avons réservé tout un étage d'un hôtel situé à proximité de l'hôpital - à quelques minutes à pieds en fait. (p.53)
En parallèle de ses enquêtes, l'un de ses contacts à Wuhan lui communique les effroyables situations vécues par les habitants et Chen Cao décide de faire connaitre la vérité de la politique "zéro Covid" du parti. Dans une ville en transformation avec la destruction des anciens bâtiments et échoppes qui ferment pour éviter la propagation du COVID, l'ex-inspecteur a bien du mal a reconnaitre la ville de sa jeunesse et peine à se laisser attendrir par l'amour que lui porte sa secrétaire du fait de leur différence d'âge.

Voilà pourquoi je me suis prise "d'amour" pour le cycle Chen Cao : à chaque livre et sous le prétexte d'une enquête, l'auteur nous fait connaitre son amour pour la Chine mais aussi les erreurs d'un gouvernement de dictature que l'on ne peut contrer qu'avec des appuis, de l'intelligence et une certaine propension à l'hypocrisie pour survivre.

- [.../...] Avant d'être condamné à des années de prison, il a dû affronter l'humiliation de plaider coupable à la télévision d'état. mais il aime vraiment la Chine.
- Oui, le gouvernement et le pays sont deux entités différentes.
- Sans compter que c'est un gouvernement dépourvu de légitimité, mais doté d'un réseau de surveillance aux mailles de plus en plus serrées. Vous vous rappelez le drone qui survolait la fenêtre de notre hôtel dans les Montagnes Jaunes(*) ? Maintenant, les autorités en utilisent pour la surveillance de masse. (p.109)

(*) lire Un dîner chez Min

Fin 2019, le monde a vu apparaître cette incroyable pandémie qui a bouleversé certaines de nos vies ; ici l'auteur dénonce l'inhumanité des règlements qui ne laissent pas la place au bon sens et sont coupables de "non assistance à personnes en danger".

Bien qu'arrivant tardivement, je suis contente que l'auteur ait choisi de donner une possible compagne a "mon" Chen Cao, bien que j'aurais préféré qu'il lui donne à retrouver son amie Ling qui est désormais libre.
Arrivée à la fin des enquêtes éditées à ce jour, la fin suggère que le cycle pourrait continuer ; l'avenir me le dira et je serai au rendez-vous !

publication anglais 2022, française 2023


Quoi qu'il en fût, une jeune femme comme Jin devait penser à sa propre carrière. Sans même parler de leur différence d'âge.
Et il était si difficile pour les gens de s'aimer sous les caméras de surveillance. Et plus encore en temps de pandémie. Big brother vous regarde. Pourtant elle était revenue vers lui, d'abord en lui rendant une visite impromptue à son appartement à titre de secrétaire, avant de le suivre dans cet hôtel à titre d'enquêtrice adjointe. (p.93)


Illustration d'entrée de billet : Edgar Ende

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