Séance à la Maison Egyptienne - Maryla SZYMICZKOWA



Peu avant la fin d'année 1898, un soir d'éclipse de Lune, tandis que son mari assiste à l'évènement en compagnie de scientifiques comme lui, Zofia Turbotyńska se rend à l'invitation des Beringer dans la "maison égyptienne" où doit se dérouler une séance de spiritisme en la personne d'Olga Ryczywolska, ancienne artiste de cirque et nouvelle médium qui doit faire sa réputation. Mais la fête est écourtée lorsque le docteur Beringer s'écroule mort, vraisemblablement victime d'un empoisonnement. Zofia Turbotyńska prévient le juge d'instruction Klossowitz afin de mener l'enquête plus discrètement que ne le ferait des policiers. Mais le temps presse, ils ont trois jours pour interroger les protagonistes de la soirée et comme d'habitude, Zofia ne va pas ménager ses interrogations, parfois même au delà de sa loyale moralité.
Ah oui… Car vois-tu, ma chère, le directeur Karliński organise une rencontre pour les intéressés à l’observatoire astronomique, nous allons regarder l’éclipse dans des conditions scientifiques adéquates…(p.22)


Dès que je l'ai vu sur le rayonnage "nouveautés" de ma médiathèque je n'ai pas hésité car j'ai déjà lu les deux premiers romans de Maryla Szymiczkowa (aka Jacek Dehnel et Piotr Tarczyński) et que j'aime beaucoup ces plongées dans le Cracovie de fin de siècle, dûment documentées de journaux d'époque comme le précisent à la fin "les auteurs".
Le style est assez soutenu avec un vocabulaire de qualité, et certainement très bien traduit car très agréable à lire, sans fausse note, ni répétition.
Ce roman est la 3è aventure de l'épouse du docteur Turbotyński qu'on imagine tellement bien parcourir les rues de Cracovie sous la neige ou à bord d'un fiacre.
Le personnage de Zofia est très dynamique et me plait beaucoup et je lirai avec tout autant de plaisir les prochaines enquêtes qui ont déjà été publiées en polonais : La Corne d’Or (en 2020) et Mort à Venise (en 2023).

publié en 2024 (Français), 2018 en polonais


Ce n’était pas que Zofia en voulait à son mari de ne pas l’accompagner chez les Beringer ; son impatience traduisait plutôt de l’excitation. Si elle était réticente à toute démesure ou crédulité excessive, elle nourrissait tout de même en elle un goût pour les choses extraordinaires et neuves, et la séance de spiritisme en faisait incontestablement partie, elle l’attendait donc avec impatience. Au fond, peu lui importait que les esprits existassent vraiment ou non, qu’ils secouassent les tables et toquassent sur l’acajou, ou qu’un ectoplasme fût une substance surnaturelle venant de l’au-delà ou seulement de la ouatine imbibée de saindoux ou encore de la gaze avec du blanc d’œuf. Seul comptait le fait que, outre la vue d’une Cracovie hivernale derrière la vitre du fiacre, se déployait face à elle la perspective d’une merveilleuse soirée : une médium, une table tournante, des habitants de l’au-delà, des individus louches. (p.32)

Illustration d'entrée de billet : couverture du roman en polonais


Pour découvrir les deux premiers romans :
tome 1

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