Peril at the Exposition - Nev MARCH



Le capitaine anglo-indien Jim Agnihotri (30 ans) et son épouse Lady Diana (21 ans) s’installent à Boston (Massachusetts) pour vivre librement leur amour loin des règles sociales des Parsis à Bombay. Après la résolution du mystère précédent (Tome 1 "Murder in old Bombay"), Jim travaille désormais dans l'agence de détectives Dupree. Grand fan de Sherlock Holmes qu'il a lu durant sa convalescence après une grave blessure au combat (voir tome 1), Jim initie sa jeune épouse à l'art de la déduction. Sa nouvelle affaire l'emmène à Chicago lors de l'exposition universelle de 1893 où un agent de sécurité a été assassiné sur le site de construction de l'expo universelle, et le détective de l'agence parti en investigation ne donne plus de nouvelles.  Jim va choisir de s'immerger sous couverture dans le monde dans les docks, entrepôts et tavernes où gronde un nouvel ordre social qui se rebelle contre le travail mal payé. Au bout de six semaines et sans nouvelles de lui comme ce qui était convenu, Diana décide de partir pour Chicago où elle va bien malgré elle, se mettre en danger de mort.


- N'allons-nous pas voyager ensemble ? dis-je.

Il sourit et ses dents blanches étincelèrent.

-Je voyagerai dans la voiture des personnes de couleur mademoiselle.

Il réajusta son chapeau et fit signe au portier avant de disparaître dans la foule en mouvement. Bien entendu, il était obligé de voyager dans une voiture séparée, je me sentis idiote de ne pas l'avoir compris. Je fronçais les sourcils, agacée. Est-ce que les indiens étaient considérés comme étant de couleur ? Un groupe de famille immigrantes se pressait derrière moi aussi j'entrais dans le véhicule pour constater que tous les sièges étaient pris. (p.30)

Dans cette suite des aventures de Jim et Diana, nous découvrons leur vie maritale loin de l'Inde et ses règles strictes concernant la communauté parsie qui ne tolère pas l'union d'une parsie avec un non parsi. Les deux personnages sont complémentaires et ont chacun du caractère, Jim et sa force malgré les multiples blessures reçues au combat, Diana et sa tenace perspicacité.

Les chapitres alternent le récit de leur aventure du point de vue des deux personnages, ce que j'ai beaucoup apprécié. Loin de sa famille, Diana doit s'entourer de personnes de confiance mais elle découvre peu à peu que tous ne lui veulent pas que du bien.

J'ai aimé le mystère qui consiste à une course contre la montre (littéralement) car un groupe d'anarchistes veut causer un attentat à la bombe en pleine exposition. Le déroulement des faits, la découverte des indices et l'issue sont globalement bien menés même si certains faits ont une coïncidence qui tombe à pic (je pense à la comparaison des écritures qui révèle l'identité d'un malfaiteur). L'auteur évoque avec subtilité le racisme avec le traitement réservé aux noirs, en la personne de son accompagnateur Tobias) : ils ne voyagent pas dans les mêmes véhicules. Je précise que Diana, bien qu'Indienne a la peau blanche car descendante des Perses qui émigrèrent au VIè siècle en Inde lorsque la Perse fut envahie par les musulmans.

L'auteur est excellente car elle insère beaucoup d'humour comme dans le passage, là aussi pour dénoncer le racisme, elle évoque le fait que les Chinois, tout comme les femmes, n'ont pas le droit d'acheter un commerce car, soit disant ils ne comprennent rien aux chiffres !

Les chinois, et les femmes, ne sont pas autorisés à posséder une entreprise Jim ! Apparemment, la loi estime que ni l'un ni l'autre ne comprennent rien aux mathématiques. Elle fit la moue puis éclata de rire.

C'est pourquoi j'ai tout mis sous tom nom Jim, maintenant tu possèdes une boulangerie et une mine de cuivre. (p. 334)

J'ai moins aimé le personnage travesti que Diana s'évertue à appeler par son prénom féminin alors qu'elle sait très bien que c'est un homme, lui aussi sous couverture, qui aime se travestir en femme. J'avais l'impression que l'auteur utilisait Diana, très ouverte d'esprit, pour faire passer les autres personnages, à commencer par son époux, pour des puritains car à de nombreuses reprises, Diana explique que "Martin" préfère être une femme, or le traitement du transsexualisme dans ce roman n'apporte rien au mystère, car des détectives qui se déguisent en femme il y en a toujours, pas besoin de parler de sexualité.

J'ai en revanche trouvé très drôle que l'auteur développe une héroïne innocente mais espiègle, qui se propose d'apprendre à son mari comment consommer leur mariage.

- Et bien ! dis-je, appuyée sur lui, c'est une bonne chose que j'ai pu discuter avec une experte qui a pu m'apprendre comment... on danse. Laisse-moi te diriger veux-tu ?

Il sembla stupéfié. Une experte dis-tu ?

Un jour, je lui raconterai mes conversations avec maman qui a mis au monde 5 enfants.

-Laisse moi te guider.

Un sourire éclata dans son regard en se répandit dans tout son visage. (p.337)

Sinon, au point d'aisance de lecture, j'ai peu galéré car le roman est long, il y a beaucoup de personnages, de scènes, de dialogues, heureusement que lire un ebook permet d'obtenir rapidement l'accès au dictionnaire en ligne voire une traduction. Je recommande ce principe lorsque l'on désire améliorer sa lecture en VO.



publié en 2022
(en anglais uniquement, non traduit en français à ce jour)



illustration : exposition universelle de Chicago en 1893

Commentaires