La nuit sur commande - Christine ANGOT


Pour ce volume, Christine Angot nous raconte sa relation avec l'art, la littérature, l'écriture qui est sa vie, tandis que l'art et la peinture se conçoivent comme "hors d'atteinte", comme lorsque fillette, elle longeait le musée de sa ville sans y être jamais entrée.

« Je me revois dans les rues de Châteauroux, à quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans… En train d’aller à l’école. Je passais par une petite ruelle pavée, qui longeait le musée. Je me revois avancer entre les murs, en chantonnant les dernières chansons de Sheila, et en contemplant à mes pieds du haut de ma taille les chaussures vernies noires que ma mère venait de m’acheter. Je ne savais rien de ce qu’allait être ma vie. L’avenir ne m’inquiétait absolument pas. Au contraire. »

Ce n'est qu'après plusieurs chapitres que je me suis demandée quand elle allait enfin entrer dans le musée, j'avais hâte car je n'y suis jamais allée et j'avais envie d'avoir son impression. Bien que ce moment finisse par arriver, brièvement puisque la nuit se termine sous les coups d'une heure du matin, le récit exprime avant toute chose la difficulté de vivre, de dormir, d'avoir des relations amoureuses sérieuses, arrêter de travailler dans des activités qui lui déplaisent mais qui rapportent de l'argent et pouvoir enfin vivre du seul métier qui lui plaise : l'écriture. 

Le récit n'est pas désagréable à lire car j'ai été touchée par sa solitude, sa volonté de se sortir d'une situation qui ne la rend pas heureuse, immergée dans une société d'artiste, de journaliste où elle se sent étrangère.

Le mot "commande" résonne pour Christine Angot comme une terreur, celle vécut lorsqu'elle devait subir les relations incestueuses ordonnées par son père dans son adolescence. Il traduit un état de soumission, la ramène à une "chose" sans volonté, comme une poupée de chiffon, et explique sa réticence à passer la nuit dans un musée pour y écrire l'expérience, malgré l'installation d'un bureau et d'un ordinateur, pour elle et sa fille Léonore qui l'a rejoint, et à qui elle dédie le livre.


Si je devais choisir entre trois oeuvres d'art, il y aurait Les heureux hasards de l'escarpolette, la sculpture de sainte Thérèse par Le Bernon et les souliers de Van Gogh. (p.68)

publié en 2025

Commentaires

Avez-vous lu ?

MAUPASSANT Guy (de) - Contes du jour et de la nuit

La gouvernante italienne - Iris MURDOCH

L'empoisonneuse d'Istanbul - Pétros MARKARIS