Sans effraction - Dominique Julien-Labruyère



En ce début juin, quatre vols sans effraction d'oeuvres d'art  se sont produits dans la nuit du vendredi au samedi dans quatre châteaux de la vallée de Chevreuse. La compagnie d'assurance envoie Sabine, une enquêtrice expérimentée, sur place, afin de vérifier les témoignages des propriétaires ou directeurs de sites et faire la connaissance d'un patron de scierie qui connait très bien la région et qui l'accompagne dans ses visites. En quinze jours, Sabine va mettre à jour un vaste complot sur fond de trafic d'œuvres d'arts.

 


Roman acheté au magasin du château de Breteuil (un nouvel article sera bientôt publié dans la chronique des temps perdus, mon blog) lors de ma visite la semaine dernière. Je dois dire que je suis déçue par cette lecture. 

Tout d'abord, le style : tout le long l'auteur sexualise de manière trop prononcée son héroïne et fait passer tous les hommes qui la côtoie pour des obsédés ! Et leur fait tenir des propos très limites.

Sabine se leva en prenant soin de tirer légèrement sur sa jupe un peu trop cintrée devant le regard médusé de son interlocuteur obnubilé par le galbe de ses jambes. (p.27)

Même un homosexuel ne résiste pas ! 

Il regarda partir Sabine, sa démarche de femme élégante lui plaisait. Alain Verse aimait les femmes habillées avec goût comme elle, par contre, la nudité féminine le gênait, il n'était attiré que par les hommes velus et puissants. Mais il leur reprochait toujours leur manque de grâce, celle que l'on trouve chez les femmes. Il se dirigea vers la discothèque gay la plus proche pour finir en beauté son escapade parisienne (p.78)

Comme si cela ne suffisait pas, il fait passer ses personnages pour des ringards !

Il n'était pas insensible au charme de cette jeune femme, il se demanda ce qu'elle faisait dans cette compagnie d'assurance, elle aurait dû être mariée et mère de famille. Sa vision de la vie féminine se réduisait trop souvent à cette fonction première, il n'aimait pas dépendre du bon vouloir d'une femme pour traiter de ses affaires. La beauté de son interlocutrice avait un côté agaçant pour lui, autant il aurait aimé l'avoir à déjeuner au "Pré Catelan", où il avait ses entrées, autant il lui déplaisait de devoir la recevoir pour cette histoire de vol qu'il voulait oublier. (p.34)

Ensuite il y a beaucoup de digression sur les plans écologiques mis en œuvre dans la vallée de Chevreuse : l'auteur est cofondateur du Parc Naturel Régional de la Haute vallée de Chevreuse (premier parc naturel régional en Ile-de-France) et on a l'impression de lire une notice pour sociétés devant s'implanter.

Il se trouve que je réside dans la vallée de Chevreuse (depuis 30 ans) et que je connais la plupart des sites évoqués c'est pourquoi je m'attendais à d'autres descriptions que celles disposées dans le roman (des vaches importées de Highlands, des pistes cyclables, etc.) pour donner envie de venir découvrir  notre belle région, calme et bucolique il est vrai. L'auteur se met d'ailleurs en scène dans le rôle de George, le propriétaire de la scierie... 

Pour finir cette critique, je n'ai pas compris pourquoi changer le nom des châteaux et des propriétaires alors que n'importe qui peut vérifier ce qu'il en est grâce à Internet. De fait : 

  • Le château de Dampierre devient le château de Lussac et les propriétaires qui y habitent ne sont pas les Luynes mais les Lissac. J'ai d'ailleurs découvert en préparant cet article que Dampierre appartient depuis 2018 à monsieur Franky Mulliez, le fondateur de Kiloutou.

    Sur ce lien, ma visite du château de Dampierre en 2006, durant laquelle j'ai justement aperçu le duc propriétaire à l'époque, sur sa terrasse qui partait à la chasse avec ses chiens (une scène du roman)

  • Le château féodal de la Madeleine qui surplombe Chevreuse devient dans le roman tout simplement Château de Chevreuse.

    Sur ce lien une photo du château depuis la route, j'y suis allée de nombreuses fois mais je n'ai pas fait d'articles, il est prévu que j'y retourne.


  • Le château de Breteuil à Choisel devient le château de Bréhaut.

    Sur ce lien, des photos du château de Breteuil, visité quatre fois en 30 ans (on y est souvent allés en famille et aussi avec les enfants). Je rajouterai le lien vers l'article que je rédigerai en mars et il y aura les photos des daims albinos dont il est question dans le roman !

  • Le château de Vert-Coeur à Milon-la-Chapelle devient le Château de Verbois. C'est à la famille De Gaulle que l'on doit l'initiative de ce projet d'accueil des femmes handicapées mentales et j'ai trouvé inutile de brouiller les pistes, au contraire il aurait en fallu en parler normalement ! Dommage d'ailleurs que l'auteur fasse passer la maîtresse des lieux pour une femme qui règne sur son domaine, qui rabroue méchamment son personnel ! là je ne comprends pas.

Evidemment, le roman indique que c'est une œuvre de fiction, mais cela n'obligeait pas du tout à changer les noms, surtout si le roman se veut une invitation à découvrir lesdits châteaux.

Vous aurez compris que le style du roman m'a fortement gênée et incommodée, c'est mon ressenti. Pour moi, il aurait fallu une meilleure relecture qui aurait aurait évité des erreurs telles que chenilles "processionnelles" au lieu de "processionnaires" ! page 11 qui est la première page, ça commence bien !

Quant à "l'enquête", il n'y en a pas vraiment : la gendarmerie classe l'affaire, et seule Sabine, en se baladant à droite à gauche, en tombant comme par hasard sur un vieux livre parmi 5000 et en prenant des notes sur son petit carnet (comme l'inspecteur Colombo) découvre le processus des vols commis.

La fin du roman nous précipite dans un malström de filiation hasardeuse : il faut un papier pour écrire qui est le fils de qui, qui est le frère de qui tellement c'est compliqué.

Toutefois, le roman donne un aperçu d'une région proche de Paris certainement peu connue, mais les transports en communs sont pour tout dire insuffisants, les axes routiers tout petits et engorgés (2 voies). Je ne regrette pas mon achat car à la lecture ce roman, j'ai eu très envie de (re)découvrir des lieux d'histoire, de patrimoine car c'est ma passion ! 

édité en 2016


Illustration d'entrée de billet : photo personnelle, château de Breteuil février 2024

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