Vendetta - Marie CORELLI



Victime de l'épidémie de choléra qui frappe Naples en cette année 1884, le comte Fabio Romani est déclaré mort. Mais il n'est pas mort : il parvient à briser son cercueil de fortune qui fort heureusement se trouve placé dans le caveau de la famille où des brigands ont caché un inestimable trésor. Espérant retrouver au plus vite sa femme et sa fille, il se précipite à sa demeure en catimini pour ne point les effrayer mais il surprend son épouse et son meilleur ami enlacés. La stupeur et l'incrédulité se transforment en fureur : il décide de prendre une nouvelle identité pour préparer sa vengeance. 

C'est en cherchant un cadeau dans la partie des romans policiers de la libraire que j'ai été attirée par la couverture du livre et le résumé au dos m'a bien plu : une histoire de genre à la mode "Le Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas, où un personnage se venge de ceux qui l'ont trahi. Ici, la prison sera le tombeau duquel notre personnage principal finit par s'extraire ; et les deux personnages utiliseront un trésor, fort judicieusement prévu par l'auteur, afin de permettre une nouvelle identité, fortunée tant qu'à faire.

A part le tombeau, rien de gothique dans ce roman très bien écrit mais où il ne se passe pas grand chose de passionnant en plus de 300 pages. Le récit à la première personne prend la voix et le point de vue du comte Romani dont on découvre le désespoir, le motif de vengeance : cet unique éclairage ne le rend pas forcément sympathique, empêtré dans le mépris et la froide colère (certes justifiés).

L'épouse est une belle arriviste frivole, l'amant est un fieffé félon. Quant à Romani, ses décisions ne sont pas forcément les plus compréhensibles car il met en œuvre des stratagèmes qui semblent bien trop sophistiqués : il aurait pu se venger plus rapidement et à moindre frais. Le suspens est maintenu tout le long du roman car les modes opératoires de la vengeance orchestrée par Romani envers son ancien ami et son épouse ne nous sont révélés qu'au moment où ils s'exécutent.

J'ai apprécié la lecture de ce livre qui présente toutefois quelques passages ennuyeux sur lesquels j'ai vite passé. Je recommande volontiers ce roman au lecteur qui aime les proses de qualité. En revanche l'histoire en elle-même reste pour moi un peu trop artificielle et superficielle pour permettre une plongée tête baissée dans ce mystère peu passionnant.


Vendetta est le premier roman de Marie Corelli (1855-1924) traduit en français.

publié en 1886
"Vendetta: A Story of One Forgotten"

Oui, j'avais aidé au mieux tous ceux qui ne m'avaient pas trahi. Je m'étais acquitté de ma dette envers Vincenzo, juste retour de son affection et de sa loyauté. Le reste de ma route était libre. Ne me restait plus rien à faire d'autre que l'acte qui réclamait à cor et à cri d'être accompli. La vengeance, tel un fantôme qui attire dans ses filets m'avait guidé pas à pas durant nombre de jours et de mois, longs cycles de souffrance. Mais à présent, elle s'arrêtait, me faisait face, et, avec ses yeux injectés de sang tournées vers mon âme, m'enjoignait de frapper. (p.356)


Illustration d'entrée de billet : couverture chez projet Gutenberg

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