Blackwater, tome 6 : Pluie - Michael McDowell


1958, deux ans après la "disparition" de Frances, la seconde fille d'Elinor, nous retrouvons la famille Caskey pour les fiançailles puis le mariage de Miriam, sa fille ainée, l'occasion de faire une grand fête avec toute la ville et toutes leurs connaissances au-delà. Sister meurt et Queenie reste seule dans la grande maison qui produit des bruits et lumières étranges. Miriam et son mari Malcom n'ayant pas d'enfants et se sentant bien seuls, ils demandent à élever Lilah, 15 ans, la fille de Frances. Lorsque Lilah part à New York pour poursuivre ses études, nul ne s'étonne de la manière de faire qui ressemble fort à ce Miriam elle-même a fait subir à sa famille quelques années auparavant. Oscar décline et perd la vue avant de mourir sous les coups terribles des deux fantômes qui hantent la chambre d'amis. La maison est témoin muet des visites nocturnes que Frances rend à sa mère la nuit venue, laissant au matin des traces humides et l'odeur de la Perdido. Frances voudrait qu'Elinor la rejoigne, elle et sa fille aquatique au fond de la rivière et ainsi échapper à la vieillesse inéluctable mais Elinor qui approche des 70 ans refuse car cela fait bien longtemps qu'elle a abandonné l'idée d'une si longue vie. Lorsque son heure arrive à la suite d'une blessure mortelle, elle est défendue par son gendre et sa fidèle gouvernante noire Zaddie contre la dernière attaque des deux fantômes de la chambre d'amis. La digue cède alors au terme d'une dizaine de jours de pluie discontinue qui réhausse les rivières de plus de 10 mètres de haut. 


L'auteur n'aurait pas pu imaginer que j'ai lu ce livre un jour de pluie, ni que les larmes ont bel et bien coulé à plusieurs reprises au cours de la dernière moitié de ce volume, tant mon intérêt pour cette famille était meurtri par la disparition des uns et des autres comme si j'avais perdu de bonnes connaissances. Comme pour les précédents livres, l'auteur distille ses petites gouttes corrosives avec les apparitions fantomatiques ou cruelles. L'air de rien, il continue la peinture d'une société clivée par petites touches de fatalisme et d'espoir.

On vint de tout le sud de l'Alabama et de l'ouest de la Floride, en cortèges de voitures partis de Mobile, de Montgomery ou de Pensacola. Des hommes qui travaillaient dans le bois de charpente et le pétrole prirent l'avion depuis New-York, la Nouvelle-Orléans et Houston. On fit même monter une tente de réception derrière chez Queenie pour la communauté noire de Perdido. (p.58)

En cet ultime volume, le coeur de la famille ­Caskey prend des coups qu'il essaye de parer mais qui ne fait que produire des anévrismes qui n'ont plus qu'à éclater, exactement comme le feront les rivières Perdido et Blackwater lorsque Elinor viendra à mourir, conformément à ses prédictions, 50 ans après son arrivée en ville.

Magnifique histoire que je recommande car j'ai eu énormément de plaisir à lire cette saga Blackwater en l'espace d'une semaine.  


Peu importe les épreuves endurées, peu importe la souffrance et les erreurs, peu importe ce à quoi on a renoncé et à quoi on aurait dû s'accrocher, peu importe ce à quoi on s'est accroché et à quoi on aurait dû renoncer, peu importe ce qui nous a rendus malheureux, il ne faut pas souhaiter qu'il en ait été autrement. (p.202)



Illustration d'entrée de billet : Rubén Armiche Benítez Padrón

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