De soie et de sang - Xiaolong QIU



Le corps d'une jeune femme est découvert et très vite le qipao (robe élégante et très ajustée) qu'elle porte ainsi que son entière nudité laisse présager d'une mise en scène complexe, le corps ayant été abandonné dans une rue très fréquentée. Alors que l'inspecteur Chen s'est mis en retrait du bureau de police afin de rédiger une dissertation prévue dans son cursus universitaire, d'autres jeunes femmes sont découvertes habillées du même style de robe étrangement fabriquée dans un tissu de qualité qui n'est plus fabriqué depuis au moins une vingtaine d'années. Pour faire face à ce mystérieux tueur en série, Chen préfère rester dans l'ombre pour investiguer dans le passé de la première victime et tirer quelques fils qui finiront pas dessiner le motif de vengeance d'un petit garçon traumatisé.  

 


5è tome du cycle de Chen Cao.

J'ai décidé de lire les enquêtes de Chen dans l'ordre car c'est tout de même assez compliqué de suivre car il y a de nombreux personnages satellites qui tournent autour de lui : ses coéquipiers, leur famille proche et divers personnages récurrents qui l'aident dans ses missions. Toutefois, la plupart des enquêtes, il me semble, sont toutes liées aux ravages de la révolution culturelle : les nantis qui se retrouvent brisés, déchus de leur maison, de leur droits et dans le pire des cas, de leur vie.

Pour une fois, j'avais deviné le motif du meurtrier vers la moitié du livre mais sans deviner son identité que l'on découvre vers la fin. Mais ce que j'aime au delà des enquêtes c'est la description des intérieurs, je suis toujours horrifiée de lire la promiscuité dans les Shanghai shikumen, les habitations communes des quartiers historiques aux cuisines partagées (comme dans la Russie actuelle d'ailleurs où chaque famille dispose de son four dans une cuisine commune).

C'était une pièce à tout faire avec un lit en désordre au centre, une échelle menant à une mansarde de construction plus récente, un poêle à briquette de charbon éteint près du lit, et un vieux pot de chambre à peine couvert. Pas d'autre mobilier. (p.51)

Dans ce roman, Chen mange encore beaucoup et souvent : il est invité dans des endroits très chics qu'il ne peut pas vraiment s'offrir. Ici, j'ai envie de dire végétarien ou vegan s'abstenir de lire ce roman car de nombreuses descriptions de préparations de plats (oui il y a beaucoup de gastronomie dans les enquêtes de Chen) les feront défaillir de dégout avant la fin de la page.

Chen est vraiment l'alter égo de l'auteur : tous les deux victimes collatérales de la révolution culturelle et toujours avec un bruit de fond : la corruption ! Ce roman ne fait pas exception et le pouvoir politique lui aussi tire les ficelles mais pas de façon directe.

Je vais poursuivre la lecture des aventures de Chen et j'espère sincèrement que l'auteur lui réserve un peu de bon temps car c'est globalement un homme très stressé et épuisé qui cherche une compagne c'est évident !

Sur l'enquête policière en elle-même

  1. Un premier regret : aucune explication sur le mode opératoire du meurtrier déposant les corps de ces victimes dans des environnements fréquentés où il est censé être aperçu par quelqu'un et bien entendu personne n'a rien vu donc...bizarre. De même, la cause des meurtres est une raison un peu trop légère et pas très réaliste à mes yeux (pourquoi passer à l'acte si longtemps après les faits ?)
  2. Autre bémol dans ce roman car vraiment il saute aux yeux et c'est assez gênant parce que par trois fois, oui, trois fois, l'auteur nous parle du met qui consiste à manger le cerveau d'un singe vivant, franchement là c'est abusé et pour moi, c'est un manque de relecture.

paru en 2007 en anglais et en français
(le titre anglais est plus "parlant")

Dehors, le soir se déployait comme un rouleau peint traditionnel, offrant un panorama d'hiver jusqu'à l'horizon. A cette altitude, la lumière durait plus longtemps. Les pics n'avaient jamais paru plus magnifiques, comme s'ils exhibaient leur beauté dans une ultime tentative de rester illuminés par le jour (p.163)


Illustration d'entrée de billet : Chen Yiming

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