La danseuse de Mao (the Mao case) - Xiaolong QIU


L'inspecteur principal Chen Cao est chargé par le ministre de Pékin d'une mission délicate sous couverture afin d'approcher la petite-fille de Shang, une ancienne maîtresse de Mao. Celle-ci pourrait disposer d'une preuve matérielle compromettante sur la vie de Mao qui pourrait dériver vers un scandale. C'est donc en tant qu'écrivain qu'il approche Jiao au prétexte de récolter des anecdotes et témoignages sur Shanghai en 1930.
 

6è roman des aventures de Chen Cao.

Je suis toujours "fan" des aventures de cet inspecteur et pourtant il n'a pas grand chose d'attirant : très peu décrit physiquement, je n'arrive pas à me faire une idée de à quoi il ressemble, en revanche, le lecteur connait tout de ses pensées, de ses rêves et de ses désespoirs aussi, ce qui le rend plutôt sympathique, bien qu'il fume "comme un pompier". Dans ce roman, il est d'autant plus malheureux que son ancienne petite amie Ling, fille de cadre de supérieur, se marie ! 

Mao et sa maîtresse Shang, actrice et "danseuse"

Je n'ai pas trouvé l'enquête très aboutie. Au départ, Chen a l'intention de découvrir le secret de Jiao qui, suite au suicide de sa grand-mère puis au décès accidentel de sa mère a été élevée dans un orphelinat. Surveillée de loin par la sécurité intérieure, elle devient quelques années plus tard inexplicablement riche, quitte son emploi de secrétaire et s'installe dans un appartement de luxe. Tout ceci pourrait avoir été possible par la vente des fameux documents compromettants hérités de sa grand-mère Shang. Mais Chen tourne en rond, se heurte à des secrets, tâtonne complétement du fait de devoir rester dans l'ombre de son véritable exercice de policier. C'est dans les derniers chapitres qu'on découvre la source de la soudaine richesse de Jiao, et c'est d'ailleurs ce qui nous fait tenir jusqu'au bout !

L'intérêt du roman est de découvrir, au travers du destin dramatique de véritables personnages, les dégâts causés par la révolution culturelle. Egalement les retombées de ces années de propagande : l'écart qui se creuse de plus en plus entre les riches et les pauvres, le délire fanatique chez certains qui idolâtrent Mao. 

...Mao était devenu une marque commerciale pleinement intégrée dans l'ère de la consommation, avec les restaurants Mao, les antiquités Mao ; on collectionnait des badges Mao et les timbres à son effigie. Des Mao en plastique étaient devenus de puissants porte-bonheur et se balançaient devant le pare-brise des chauffeurs de taxi. Chen lui-même possédait un briquet en forme de Petit livre rouge...(p.107)

Et toujours en bruit de fond la spéculation immobilière avec le rachat ou la dépossession d'anciennes parcelles privées de l'époque coloniale avec des manoirs délabrés, coûte que coûte. De manoir il est d'ailleurs question puisque Jiao fréquente celui de monsieur Xie qui donne des leçons de dessins.

publié en 2007 "the Mao case"
2008 pour la traduction en français

Jiao était vive, et intelligente, malgré son peu d'instruction. En regardant la courbe de ses petites fesses pendant qu'elle se penchait sur son ouvrage, il aurait voulu en savoir davantage sur elle. Mais il se répéta que c'était une affaire Mao, et qu'il ne lui restait qu'une semaine jusqu'à la date fixée par la Sécurité intérieure. Il devait se montrer plus efficace dans son "approche". (p.89)

Le livre dans le livre

Il est bien sûr toujours question de poésies comme dans tous les romans du cycle de Chen Cao. Il est ici question d'un livre que l'inspecteur Chen va éplucher pour trouver des pistes et des traces de témoins de l'époque Mao. C'est d'ailleurs pour éviter la sortie d'un autre livre sur les frasques de Mao que le pouvoir dépêche Chen sur ces fameuses preuves que détiendraient Jiao.


Un manga issu de ce roman a été publié en 2000 :



Illustration d'entrée de billet : Han-Wu Shen "loyale to Mao"

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