Chine retiens ton souffle - Xiaolong QIU



L’inspecteur Chen est réintégré dans la police au service des "affaires spéciales" qui nécessitent discrétion, rapidité et mise en évidence de la capacité du Parti à régler les problèmes épineux.
Cette fois, un meurtrier en série sévit au petit matin, les victimes n'ont à priori rien en commun mais l'on retrouve à leur côté un masque jaune. Parallèlement à cette enquête, l'inspecteur Chen est prié par son mentor Zhao supérieur de se renseigner sur l'une de ses connaissances : Shanshan qu'il avait rencontré il y a quelques années lors de sa mise au vert à Wuxi (roman Les courants fourbes du lac Tai). Celle-ci est désormais mariée avec un "gros-sou", tient un blog très célèbre sur les questions environnementales et travaille à la finalisation d'un documentaire sur la pollution atmosphérique en Chine, fatale pour nombre d'individus. Tandis que son fidèle adjoint Yu prend en charge l'enquête sur le tueur en série, Chen fait jouer ses relations de l'union des écrivains pour en apprendre plus sur la teneur du documentaire qui doit bientôt être diffusé.



Cette enquête est le 11è roman des aventures de Chen Cao mais il vient en 10è position des enquêtes dans la mesure où le roman numéro 10 : "Il était une fois l'inspecteur Chen" n'est pas une enquête mais un retour en arrière sur la genèse de l'inspecteur qui rejoint l'histoire personnelle de l'auteur.

En cinq jours (1 chapitre par jour), Chen va résoudre le mystère du tueur au masque jaune et faire en sorte de protéger la sortie du documentaire de son ancien amour.

Ce que j'apprécie dans les romans du cycle de Chen Cao c'est la permanence des rôles et des personnages :
  • Yu, le coéquipier fidèle de Chen
"Yu disait toujours : "Travailler avec l'inspecteur Chen est lune des meilleures choses qui me soit arrivée", et elle ne pouvait qu'approuver. (p.59)
  • Peiqin, l'épouse de Yu, comptable d'un restaurant d'état, restauratrice, cuisinière hors pair et détective amateur pour Chen et Yu.
"Ne parle pas de ton travail en mangeant. Ca va t'empêcher de digérer" conseilla Peiqin dans un sourire malicieux avant de déposer une autre pousse de bambou dans le bol de son mari. (p.60)
  • Zhao, un haut gradé dans la hiérarchie du Parti, qui cherche à sauver Chen de ceux qui veulent s'en débarrasser
"-- Zhao, l'ancien premier secrétaire de la Commission centrale de la discipline l'a appelé ce matin, de but en blanc, pour requérir ses services. Une mission tellement confidentielle que le secrétaire du Parti Li n'a même pas osé poser des questions, encore moins refuser.
--C'est peut-être une bonne chose pour Chen, Ca montre qu'il a au moins une personne dans la Cité interdite qui lui fait confiance. je comprends mieux pourquoi il ma contactée avec autant de précautions. Encore une affaire particulièrement sensible, je parie. (p.62)
  • Et aussi la reprise de certains personnages apparaissant dans d'autres romans ; ici Shanshan que Chen avait rencontré quelques années auparavant.
"Au cours de cette enquête, il a vécu une histoire d'amour qui l'a énormément fait souffrir.
-Comment tu le sais ? Il ne m'en a jamais parlé.
- Tu es un bon enquêteur, mais tu ne sens pas ce genre de choses, surtout quand il s'agit de ton cher inspecteur.
Elle posa ses pieds nus sur le sol et alla chercher un numéro de Littérature de Shanghai sur une petite étagère  d'angle. "Il a écrit un poème sur son aventure. je l'ai lu dans ce magazine.
- Un poème d'amour ?
- Pas vraiment. La femme est une militante écolo. Chen a écrit ce poème après ses vacances là-bas. Quand il est rentré, pendant des mois il n'était plus que l'ombre de lui-même. Tu crois que ce voyage à Wuxi a un rapport avec cette femme ? (p.63)

Je dois avouer qu'à chaque roman, j'attends que Chen trouve un peu le repos qu'il mérite et c'est aussi pour cela que je suis attachée à lire ses aventures.



Chen ne pouvait en vouloir à Shanshan de ne pas avoir quitté Jiang pour lui. A l'époque, elle ne savait pas qu'il était marié. Et une fois qu'elle l'avait appris, Chen ne pouvait pas lui reprocher non plus d'avoir  quitté Jiang pour Yao. Lui-même était loin, il ne donnait pas de nouvelles, son travail occupait tout son temps et on esprit.
Depuis leurs adieux à Wuxi, il lui avait fait signe une fois en lui envoyant le numéro de "Littérature de Shanghai" où était publié son poème. Mais il ne lui avait pas transis ses coordonnées. Avait-il agi par magnanimité, comme disait Huang ? Il savait bien que non. Il avait simplement adopté une posture pathétique dictée par un égo blessé. (p.113)

  

Illustration d'entrée de billet : Junyi Liu "Walking Into Utopia"

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