Sidney Chambers et l'ombre de la mort - James RUNCIE



Sidney Chambers, le jeune chanoine de la paroisse de Grantchester près de Cambridge et à 1 heure de Londres, se retrouve bien malgré lui embarqué dans des enquêtes et collabore alors avec la police en la personne de George Keating, son ami qui est inspecteur à Scotland Yard et avec lequel il passe une soirée dans la semaine dans un pub. Tout commence lorsqu'une femme vient le voir car elle est persuadée que l'associé de son mari que l'on vient d'enterrer ne s'est pas suicidé comme tout le laisse croire mais qu'il a été assassiné.

Comme beaucoup, je pense j'ai découvert Sidney Chambers sur écran avec la série Grantchester et c'est en mettant à jour mon article que j'ai eu envie de lire le roman dont la série s'inspira.

Je ne suis pas déçue car le style est d'une grande qualité et les six nouvelles constituant ce premier tome sont très agréables à lire : le récit prend place dans l'après-guerre nous sommes en 1953. Au prétexte des enquêtes, l'auteur aborde des thématiques sociétales telles que le rationnement, la difficulté de vivre avec de petits moyens, le poids des conventions : mariage, adultère, homosexualité mais aussi le bénévolat, la compassion, l'amitié véritable.
Il lui arrivait de penser que le métier de pasteur faisait penser à celui de directeur général d'une entreprise où personne n'était payé. (p.243)
Les enquêtes en elles-mêmes sont presque classiques même si le coupable n'est jamais évident et je préfère ce type de roman policier "cosy mystery" à la Agatha Christie, Sidney Chambers a d'ailleurs le talent d'intuition et d'observation de Miss Marple, aux romans policiers pervers avec forces détails macabres et sanguinolents.

Un autre aspect est assez intéressant dans les différentes histoires car Sidney n'est pas insensible au charme de son amie Amanda, une jeune femme qui travaille à la National Gallery et qui se trouve être la meilleure amie de sa soeur Jennifer ; mais il estime qu'elle est d'une classe supérieure à la sienne étant donné ses maigres revenus à lui (elle porte des robes Chanel et lui ne peut pas se chauffer correctement !). Un pacte d'amitié s'instaure entre eux malgré le tendre affection qu'ils se portent : ils resteront très bons amis. Elle lui offre un labrador pour compagnie et c'est ainsi que Sidney va désormais faire de longues promenades avec son chien qu'il nomme Sherlock.

Enfin, je dirais que bien que les 6 nouvelles puissent être lues de manière indépendantes, il y a une sorte de fil rouge d'une nouvelle à l'autre (un personnage) et qu'elles se déroulent de manière chronologique sur une année depuis fin décembre 1952 à fin octobre 1953.

Satisfaction de lecture : 4.5/5

publié en 2013
en 2016 pour la traduction française

Personne n'en parlait et pourtant Sidney savait que que tous avaient continué à penser aux choses qui s'étaient passées en espérant que leurs pensées et leurs peurs s'estomperaient. Le reste de leur vies se passeraient dans l'ombre de la mort et ils consacreraient du temps à des activités qui auraient probablement moins d'impact que tout ce qu'ils avaient bien pu faire pendant ces années de guerre. (p.27)



Illustration d'entrée de billet : La prairie - Alfred Sisley


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