Le Horla - Guy de MAUPASSANT

dessin de William Julian-Damazy "la rose"

Le narrateur tient un journal dans lequel il note régulièrement ses états d'âme. Très bien portant au début, il finit par sentir un malaise grandissant, comme si la maison recelait une force invisible hostile car lorsqu'il s'en éloigne sa joie de vivre lui revient. Lorsqu'il observe des phénomènes physiques inexplicables comme ses carafes de boisson qui se vident alors qu'il ne les a pas touchées ou une fleur qui s'envole avant de se reposer sur le rosier, il est persuadé qu'un être surnaturel le possède et que celui-ci est relié à la maison. Persuadé qu'il n'est pas fou et que la créature s'est invitée chez lui alors qu'il admirait un bateau brésilien

Après deux goélettes anglaises, dont le pavillon rouge ondoyait sur le ciel, venait un superbe trois-mâts brésilien, tout blanc, admirablement propre et luisant. Je le saluai, je ne sais pourquoi, tant ce navire me fit plaisir à voir.

et plus loin
Ah ! Ah ! je me rappelle, je me rappelle le beau trois-mâts brésilien qui passa sous mes fenêtres en remontant la Seine, le 8 mai dernier ! Je le trouvais si joli, si blanc, si gai ! L’Être était dessus, venant de là-bas, où sa race est née ! Et il m’a vu ! Il a vu ma demeure blanche aussi ; et il a sauté du navire sur la rive. Oh ! mon Dieu !

le narrateur cherche à se débarrasser de l'indésirable quel qu'en soit le prix, bien qu'il en soit venu à une terrible conclusion : la race humaine est perdue à jamais et est en train d'être remplacée par des êtres d'une autre dimension beaucoup plus forts.

*Révélations
[Il met le feu à sa maison après avoir enfermé le horla en oubliant que ses domestiques sont restés dans la maison puis songe à mettre fin à ses jours].




Parue en 1886 puis en 1887 (cette version en ebook), Maupassant me régale d'une nouvelle fantastique relue avec plaisir d'autant que je ne me souvenais plus de la chute. Avec un style que je trouve admirable de simplicité émouvante, l'auteur nous invite à incarner un homme hanté, par des frayeurs qui prennent leur source dans des histoires qui admettent un univers méconnu qui recèle des forces invisibles.

Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, – l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant. » Je me tus devant ce simple raisonnement. Cet homme était un sage ou peut-être un sot. Je ne l’aurais pu affirmer au juste ; mais je me tus. Ce qu’il disait là, je l’avais pensé souvent.

Dans le même genre, je recommande Le Fanu et ses histoires terrifiantes dans Le Mystérieux Locataire et autres histoires d'esprits forts.

Le Horla est-il un trouble de la personnalité schizophrénique ou une véritable entité facétieuse qui aime le lait et les roses ? Je penche pour la seconde possibilité !

Hier, après des courses et des visites, qui m’ont fait passer dans l’âme de l’air nouveau et vivifiant, j’ai fini ma soirée au Théâtre-Français. On y jouait une pièce d’Alexandre Dumas fils ; et cet esprit alerte et puissant a achevé de me guérir. Certes, la solitude est dangereuse pour les intelligences qui travaillent. Il nous faut, autour de nous, des hommes qui pensent et qui parlent. Quand nous sommes seuls longtemps, nous peuplons le vide de fantômes.

publié en 1887


Commentaires

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