La garden Party et autres nouvelles - Katherine MANSFIELD



Il s'agit d'un recueil de 15 nouvelles sur le thème du mariage, de la conscience de la vie, de la mort, des regrets, du devoir, de la maternité imposée. Chaque nouvelle découpe une tranche de vie, conscience fugace dans le gâteau du destin. Découverte de la pauvreté chez les voisins, mère dépassée par les enfants qu'elle ne souhaitait pas et qui s'en remet à la grand-mère, époux qui est hanté par le fait que son épouse a accompagné les derniers instants d'un jeune inconnu, fiançailles presque rompues, premier bal pour une jeune fille, dévotion de deux soeurs à un père terrible, etc... 


Très beau recueil de nouvelles que j'ai pu lire grâce au site https://www.ebooksgratuits.com/Je découvre cette auteur néo-zélandaise qui a finit ses jours en France. Les histoires portent souvent sur un personnage dans lequel on se glisse pour épouser ses inquiétudes, ses peurs, ses regrets, ce qui donne une atmosphère plutôt déprimante et pourtant les mots choisis transforment ces passages en scènes presque tragi-comiques, voire lumineuses, comme si les mots enveloppaient de leur réconfort la lassitude, le fardeau, la crainte.

Dans les livres qu’on lisait, les gens avaient des aventures, des inconnus vous suivaient et ainsi de suite. Mais personne ne les avait jamais suivies, elle et Constance. Oh ! si, il y avait eu une année, à Eastbourne, dans leur pension de famille, quelqu’un de mystérieux qui avait posé une lettre sur la cruche d’eau chaude, devant la porte de leur chambre ! Mais lorsque Constance l’avait découverte, la vapeur avait tellement délavé l’écriture qu’elles n’avaient pas pu lire ; même pas déchiffrer à laquelle des deux le billet était adressé. Et l’étranger était parti le jour suivant. Et c’était tout. Le reste de la vie s’était passé à s’occuper de papa, tout en évitant de se trouver sur son chemin.

ou encore

Leïla était convaincue que, si son cavalier tardait à venir et s’il lui fallait écouter cette merveilleuse musique, voir les autres glisser, voguer sur le parquet doré, elle en mourrait pour le moins, ou bien s’évanouirait, ou bien étendrait les bras et s’envolerait par une de ces sombres fenêtres qui révélaient les étoiles. – Notre danse, je crois… Quelqu’un s’inclinait, souriait, offrait son bras ; elle ne devait pas mourir, après tout. Une main lui prit la taille et elle fut entraînée comme une fleur qu’on jette dans l’étang.

publié en 1922

Illustration d'entrée de billet : Portrait de Katherine Mansfield par Anne Estelle Rice

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