Le guérisseur de cathédrale - Philip K. DICK



Dans une société future livrée à un taux de chômage tel que les gens restent enfermés chez eux et passent leurs temps à des jeux infantiles et inutiles, Glimmung, une entité extraterrestre vient démarcher Joe Fernwright, un restaurateur de céramique hautement compétent mais qui n'a pas eu de travail depuis plusieurs mois et qui accepte de suivre Glimmung sur la planète, d'autant plus qu'il est poursuivit par la police. 

Sur les trottoirs de la ville, l'immense entité ahanante quasi animale que formait la masse des éternels sans-emploi de Cleveland se rassemblait et se dispersait, se regroupait pour attendre, attendre toujours, se fondre en un agglomérat triste et instable. Muni de son sac de pièces, Joe Fernwright heurtait leur flanc collectif en se frayant un passage vers la cabine téléphonique de monsieur Travail. Il humait l'odeur familière, vinaigrée et pénétrante, de leur présence massive, passionnée et pourtant porteuse d'un regret plaintif.

Le projet est renflouer Heldscalla, une antique cathédrale engloutie au fond de l'océan sur Sirius V, la planète du Laboureur, dont Glimmung est devenu le maître.

« Je n'ai pas travaillé depuis sept mois et on me propose un boulot qui me mènera hors du système solaire. J'ai peur. Et si je n'y arrive pas ? Si j'avais perdu mon doigté après toute cette oisiveté ? »

Après s'être réveillé au terme de son voyage spatial, Joe fait connaissance des autres compagnons qui comme lui, ont été embauchés pour leur capacité : spécialiste des coraux, télékinésiste, etc... il découvre également que tous ont été visités par le Glimmung alors qu'ils étaient, comme lui-même, en perte de confiance, voire prêts à se suicider. Puis ils découvrent les créatures habitant la planète, en particulier les répandeurs qui vendent le livre constamment mis à jour par les Kalendes, où sont écrites les prédictions de leur avenir. Bientôt ils font connaissance de Glimmung :

« le personnel de l'hôtel ne va pas apprécier », remarqua Joe à mi-voix. Bon Dieu ! Cette énorme montagne dotée de centaines de bras qui se contorsionnaient et cinglaient l'air frénétiquement, semblant sortir de tous les points de la carcasse gigantesque… cet amas grouillant oscilla un instant, puis, dans un rugissement furieux, fit s'écrouler le sol qui le supportait ; la chose disparut à la vue, laissant partout des immondices. de la crevasse béante montaient de fines volutes de fumée, sans doute de la vapeur d'eau. Mais Glimmung s'en était allé. Tout s'était passé selon les prévisions de Mali : le plancher n'avait pu résister à ce poids, Glimmung était tombé à travers dix étages jusqu'au sous-sol.

Il y a quelques temps, je n'aurais jamais pensé pouvoir apprécier de nouveau la science-fiction comme au temps de mon adolescence ; mais voilà, Philip K.Dick n'est pas qu'un auteur qui dépeint le futur à bord de vaisseaux spatiaux et à grand renfort de monstrueuses créatures extraterrestres. Personnellement, je lis le témoignage visionnaire d'un excellent auteur inventeur qui imagine une technologie permettant d'interroger une encyclopédie (me fait penser à Internet / Wikipedia) ou de jouer avec l'ordinateur, ou encore des équipements capables de créer la réalité augmentée (scène avec le SSA). On lit avec inquiétude (les écoutes) et une lueur d'espoir l'aventure de Joe sur la planète du Laboureur où il rencontrera son destin et une raison d'être.

C'est très drôle, comme lorsque l'auteur fait défiler tous les religieux auxquels Joe demande conseil, prémonitoire avec le traducteur. Une lecture dépaysante et étonnante qu'on peut relire avec le même intérêt car ce n'est pas compliqué et qu'il y a beaucoup de notions philosophiques sur le sens de la vie, le besoin d'appartenir à une société ou de trouver un repos bienfaisant. 

publié en 1969
puis en 1977 en français
avec le titre "manque de pot"




illustration : Sparth

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