Baumgartner - Paul AUSTER



Sy Baumgartner, un professeur de philosophie à l'université de Princeton s'efforce de survivre à la disparition d'Anna, sa femme 10 ans auparavant. Tandis qu'il se rend bien compte qu'il perd la tête à 70 ans, oubliant de menus fragments du quotidien, il se remémore leur rencontre, leur amour fou durant 40 ans ; il se rappelle les voyages entrepris sur les traces de ces ancêtres en Ukraine, et trouve un nouveau regain lorsqu'une jeune doctorante souhaite faire une thèse sur les écrits de son épouse poète, écrivain et traductrice dont seuls moins d'une centaine de poèmes ont été publiés alors que sa production était bien plus conséquente.




Dernier livre lu de Paul Auster, l'un de mes auteurs "chouchou", également le dernier publié à ce jour, ce roman de moins de 200 pages se lit assez facilement et rapidement car une fois commencé on a envie de savoir où nous mènent les réflexions sur les multiples disparitions : la mémoire, les souvenirs, l'être aimé, les petites choses qui rendent la vie essentielle et qui motivent au quotidien. J'ai apprécié cette lecture pour les touches de positivité qu'elle distille : l'amour vrai, l'entraide inattendue, le rebond soudain d'une homme vieillissant qui retrouve de la joie et de l'espoir. 

Certes, Baumgartner se sent sur la pente descendante mais il se dit pourtant prêt à se remarier, et même si parfois, il ne fait plus la différence entre rêve et réalité, il entre dans une phase de réflexion sur sa vie et même de reconstruction. Ressentant l'absence de son épouse comme la douleur d'un membre fantôme, il lui faut écrire sur son ressenti. 

Deux mois plus tard, il est plongé dans son essai sur le syndrome du membre fantôme, qu'il a pris l'habitude d'appeler le syndrome de la personne fantôme au fur et à mesure que les convergences métaphoriques lui apparaissent avec plus d'évidence. (p.58)

Après plusieurs chapitres où l'auteur revient en arrière dans le passé de Baumgartner et celui de ses parents et grands-parents, on achève le roman tandis que Baumgartner achève le sien et l'envoie à l'éditeur ; la perspective de voir arriver l'étudiante qui va travailler sur les nombreux manuscrits et traductions de sa femme va mener à la création d'un autre livre.

Notons que Paul Auster reprend le personnage d'Anna Blume déjà utilisé dans l'un des premiers romans "le voyage d'Anna Blume" (VO : In the Country of Last Things, 1987), comme s'il voulait refermer une boucle du temps sur la création littéraire qui reste le thème central ce roman : l'écriture liée intimement au vécu. Apparaissent également comme des ombres portées, quelques actualités comme la guerre Ukraine/Russie.
 
publié en 2024

Illustration d'entrée de billet : Marc Chagall "the lovers"

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