Un certain gout pour la mort - Phyllis Dorothy JAMES



Deux hommes sont retrouvés égorgés dans la sacristie d'une église de Paddington, l'un ayant apparemment tué l'autre avant de se donner la mort. Seulement, le pseudo-suicidé est Sir Paul Berowne, un aristocrate qui vient d'abandonner la politique en démissionnant de son poste de secrétaire d'état. Il aurait eu une révélation divine et aurait été sur le point de divorcer, de faire table rase de sa vie passée. Le commandant Adam Dalgliesh mène l'enquête et nous traîne dans une course à la preuve matérielle, la seule qui pourrait étayer la thèse du meurtre prémédité.

Dalgliesh s'étonna de nouveau de l'étrangeté des relations humaines, du fait que les gens pouvaient se dire amis et trouver normal de ne pas se voir pendant des années ; puis, lors de leur prochaine rencontre, reprendre leur ancienne intimité, comme si cette longue période d'abandon n'avait jamais existé. (p.362)
Mon avis
OK, le livre fait 800 pages, mais franchement, elles se lisent aisément.
PD James est LA référence en matière d'enquêtes tirées au couteau, mais cette auteure est une "pro" : elle est d'ailleurs du métier. Ce que je trouve de différent chez PD James, c'est le détail des moindres choses. Les situations, les ressentis : tout concoure à faire entrer le lecteur au cœur de son intrigue. Je devrais dire que tout concoure à nous infuser à l'instar d'une mousseline malléable trempée dans la tasse remplie de suspens. Chaque personnage est d'ailleurs plus ou moins approché dans un chapitre qui nous dévoile sa psychologique : ses pensées, ses désirs, il n'a aucun secret pour nous.

Et puisque nous sommes à Londres, visitons un peu :


le quartier et l'église indiquée par la flèche




l'église de Saint-Matthew via
GEOGRAPH



le siège de New Scotland Yard



la gare de Victoria


Il y a de nombreuses références victoriennes chez PD James, mieux vaut les avoir en tête si l'on ne veut pas lire toutes ses descriptions sans la perdre, la tête. Shakespeare n'est pas oublié, ni par moi qui me suit promis (pour ceux qui suivent) de lire cet auteur avant la fin de l'année, qui sait, peut-être cet été ? Un bémol toutefois sur cette histoire : je n'ai pas trop apprécié le spectacle grandguignolesque de la fin. Cela jurait franchement par rapport à la minutie de l'enquête. Je vous laisse juge : d'abord Kate Miskin (elle est dans l'équipe de Dalgliesh) qui s'avance vers le coupable en tendant ses mains rouges du sang du foie de veau de son repas (pour lui faire peur ? nous ne sommes pas dans la nuit des morts vivants...), ou encore le bas de la tête arrachée de la dernière victime du tueur (une balle en plein front aurait été suffisant). Déjà que les deux cadavres du départ de l'enquête ne sont pas piqués des vers (en attendant d'y être jeté en pâture), j'ai trouvé notre Phyllis Dorothy un peu trop trash sur la fin. Cela étant, c'est une des meilleurs enquêtes que j'ai pu lire ces derniers temps.

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