Les ferrets de la reine - Jean d'AILLON



Paris 1624. Louis Fronsac, tout jeune pensionnaire au collège jésuite de Clermont, est le témoin d'un complot : la Reine Anne d'Autriche doit recevoir un magnifique bijou de la part des Anglais, des ferrets en or et faux diamants. L'escroquerie vise à discréditer l'Angleterre, la Reine, et en cela remettre en cause l'entende entre la France et l'Angleterre. Avec l'aide de ses camarades de chambre, Louis va manœuvrer pour approcher l'entourage de la Reine, afin de la prévenir de la machination.


Je m'excuse, monsieur, répondit le soldat, mais il est de mon devoir d'apprendre avant tout à votre fils à survivre. Je vous l'ai dit, il n'y a aucun honneur dans les batailles. Tous les moyens sont bons pour vaincre. Il faut tuer le premier, sinon on est mort. (p.182)
Mon avis
En ces temps de rentrée scolaire, il est bon d'être confrontée à la réalité froide d'une rentrée en 1624, fut-elle parisienne ! Dans ce nouveau roman de Jean d'Aillon, nous retrouvons Louis Fronsac dans sa toute première enquête (les aventures de Fronsac ne sont pas éditées dans l'ordre chronologique) et c'est un véritable enchantement car j'ai eu du mal à me décrocher de ce livre là ! La vie quotidienne au collège de Clermont (actuel lycée louis le Grand) est un véritable anti Poudlard !


Lycée Louis-le-Grand (Paris)


Comme les petits sorciers de JK Rowling, les pensionnaires doivent faire face à une nouvelle discipline, mais là où Poudlard laisse une certaine fantaisie, Clermont n'offre qu'une ombre de liberté possible : à cette époque, les enfants ne décidaient pas de leur avenir et certains étaient forcés de devenir religieux ! Bon gré, mal gré ! Mais les enfants restent des enfants et parviennent à se sortir de tout plein de mauvais pas.

- Il y avait une tablée où les pensionnaires ont du pain noir et aucun biscuit. Ce sont les boursiers ?
- Oui. Ils n'ont personne pour payer leurs études, car ils viennent de familles très pauvres, bien que parfois de vieille race. Les pères souhaitent qu'ils n'oublient jamais leur pauvreté, c'est pour cette raison que leur robe est en toile grisâtre. C'est aussi pour ça qu'à table, ils reçoivent de plus faibles portions que nous, ou même une moins bonne nourriture. En revanche, ils ont droit aux restes de nos repas, aux aumônes et aux objets trouvés.



Pères jésuites


C'est toujours un régal, si je peux dire, de lire les descriptions des rues de Paris, couvertes d'immondices, encombrées d'animaux ou encore les ponts habités (comme celui de Landernau).



Pont de Rohan, Landernau - été 2008, photo perso


Un livre recommandé à celles et ceux qui apprécient les énigmes, qui veulent changer d'air en changeant d'époque tout en rafraîchissant (comme moi) leurs cours d'histoire. L'occasion aussi, pour ceux qui connaissent déjà la suite des enquêtes de Louis Fronsac, de découvrir la jeunesse du héros, la maison de son enfance et la manière dont cohabitaient tous les membres de la maisonnée : hébergement des domestiques, repas partagés entre domestiques et "patrons". J'ai bien aimé le personnage du grand-père de Louis, un sacré "Monsieur" ma foi. Et surtout, surtout, mention spéciale de l'histoire, qui bien que revisitée comme il en est fait mention par l'auteur lui-même, est originale, et nous plonge dans un monde autrement plus fascinant que celui des filles et fils à Papa, car il s'agit d'un monde qui nous concerne tous : le monde de nos origines.

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